Suite à la série d'émissions des Nouveaux Chemins de la Connaissance consacrées à Clément Rosset, je tiens à faire une mise au point. L'exercice radiophonique impliquant certaines contraintes, tout ce qui devrait être dit n'a pu être dit, ni dit comme il aurait dû l'être. Je répondrai notamment à un commentaire sur le site de l'émission, que je crois comprendre de la sorte. On nous y reproche (mais à qui précisément?) de confondre "tragique social et existentiel". Je crois percevoir ici l'indignation soulevée par nos (trop rapides et trop abruptes) réflexions sur la complétude du monde. Il est en effet presque indécent de dire à la radio, trop légèrement forcément, que le monde ne manque de rien. Moi-même, répondant à une provocation de Raphaël Enthoven, j'ai affirmé que la faim dans le monde n'était pas l'indice d'un manque, sinon d'un manque concret, "provisoire". Je voulais dire par là que la question méconnaissait (à dessein évidemment) le plan sur lequel porte la thèse (nietzschéenne, rossétienne) selon laquelle le monde se suffit à lui-même. Il ne faut en effet pas confondre le manque ontologique et le manque empirique. Il est socialement et humainement signifiant de parler de manque (de nourriture, de justice sociale, de paix, de logements, de culture). Mais il n'est pas philosophiquement fondé de désigner un autre dont le monde aurait besoin pour être compris (comme bon ou mauvais notamment ou comme dégradation matérielle d'un monde idéel). La thèse de la complétude du monde signifie donc que ce monde (hic et nunc) étant le seul monde, il ne saurait y avoir (hic et nunc) de meilleur monde ou simplement d'autre monde possible. Il n'y a littéralement rien dont le monde pourrait manquer et ce tout autant parce que le monde est plein que parce qu'il n'y a rien hors de lui (et qui pourrait être ce dont il manque). En somme, ni intrinsèquement, ni extérieurement (absolument), le monde ne peut manquer de rien. Comme il n'est pas possible de parler, en quelques minutes d'antenne, comme on le souhaiterait d'un philosophe, quoi qu'on en dise, difficile, j'invite les auditeurs à (re)lire les notes sur Nietzsche dans La force majeure.
En ce qui concerne une éventuelle "confusion du tragique social et existentiel", je dirai deux choses. D'une part que le tragique social, que je crois comprendre comme le fait qu'il y a des injustices, des guerres, des meurtres, des affamés, des "damnés" victimes du mépris de, comme il est dit, "Maîtres esclaves", ce tragique est pour nous véritablement différent du tragique existentiel. Il est certes tragique (à la fois nécessaire et impossible, factuellement inévitable parce que inévité) qu'il y ait tout ça, mais nous ne pouvons le justifier et le qualifier de bon. La complétude d'un état de choses ne signifie pas que c'est un bon état de choses. En somme, il n'a jamais été question de dire que ce qui arrive est toujours souhaitable. La joie - que nous avons inlassablement qualifiée de folle et paradoxale - n'est pas la traduction d'une justification du monde. Malgré tout ou grâce à tout, la joie est joie de l'existence en général, comme telle. Et l'approbation du réel sous tous ses aspects l'affirmation instantanée (i.e. présente) que, quoi qu'il se passe, le réel est complet, parfait (non moralement parlant). Mais précisément, la joie tragique est le contraire d'une justification. Il ne s'agit pas de se réjouir du mal mais de se réjouir de n'importe quoi, aussi bien de rien que de tout, indépendamment de l'objet de la réjouissance. Nous l'avons également martelé, la philosophie de Clément Rosset n'interdit en aucun sens l'action et l'éventuelle transformation du monde. Seulement, celle-ci ne peut être que temporelle (on ne change pas le réel advenu mais on peut faire advenir un réel dont on est, partiellement, cause, même si cette action ne change, globalement, rien au cours hasardeux des choses). Au niveau microscopique humain, l'action n'est jamais qu'un aspect du réel, du hasard, une maîtrise relative et objectivement dérisoire (mais perçue, légitimement, comme significative) du monde dans lequel nous vivons. Il y aura progrès relatifs, dispersés, empiriques, mais pas de mouvement général, idéal et significatif à l'échelle de l'existence, de Progrès. L'action est nécessairement localisée, dans l'espace et dans le temps. Elle ne complète pas le monde dans le sens d'une plus grande justice, d'une amélioration, elle n'est qu'une parcelle de son cours.
D'autre part je dirai que le tragique, n'étant qu'une désignation du réel, sub specie vitae si j'ose dire, ne saurait être dissocié. Social et existentiel ne diffèrent qu'en degré ou en perspective, selon l'échelle adoptée. Il n'y a pas, ce me semble, de différence de nature entre les tragédies quotidiennes non moralement significatives de l'existence humaine (mort, maladie, mélancolie, dégoût, suicide...) et les tragédies sociales (moralement, ou plutôt juridiquement, socialement significatives). Le tragique n'est que la traduction du fait que ce qui a lieu ne saurait avoir lieu qu'ici et maintenant, de façon irréversible, unique et, en un sens, inévitable. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'aurait pas pu "mieux faire", mieux redistribuer, mieux assister. Cette meilleure organisation politique possible de la société n'est pas une objection au fait que le monde est parfait. Elle n'est qu'une probable (et non possible) situation future de la société que certains moyens humains peuvent contribuer à créer. Les hommes, il faut le répéter, ne sont pas extérieurs au monde, ils n'en sont pas séparés, ils y sont même coincés. L'approbation tragique de la vie, de l'existence, du réel, du monde, du temps ne me semble donc pas condamner les hommes tragiques à un Oui servile à toutes choses. Il n'y a pas de "phobie du dire Non à la non-vie", seulement un refus de croire que les dommages pourraient ne pas être réels. La philosophie de Rosset n'a certes pas théorisé les conditions d'une action politique locale sur le monde, mais elle ne les interdit pas non plus. Seulement, elle me semble constituer un salutaire remède aux illusions idéalistes et moralisantes au profit éventuel d'une création lucide de présents plus désirables. Elle est comme la première étape, le diagnostic (qui est déjà en même temps une cure) des mécompréhensions du monde. Une fois débarrassés de l'encombrant fardeau moral, nous pouvons, ce me semble, continuer de produire minimalement le présent. Mais cela implique une puissance d'agir et un monde réel sur lequel agir que la condamnation de l'ici-bas ne permet pas respectivement d'acquérir et de penser.
En ce qui concerne une éventuelle "confusion du tragique social et existentiel", je dirai deux choses. D'une part que le tragique social, que je crois comprendre comme le fait qu'il y a des injustices, des guerres, des meurtres, des affamés, des "damnés" victimes du mépris de, comme il est dit, "Maîtres esclaves", ce tragique est pour nous véritablement différent du tragique existentiel. Il est certes tragique (à la fois nécessaire et impossible, factuellement inévitable parce que inévité) qu'il y ait tout ça, mais nous ne pouvons le justifier et le qualifier de bon. La complétude d'un état de choses ne signifie pas que c'est un bon état de choses. En somme, il n'a jamais été question de dire que ce qui arrive est toujours souhaitable. La joie - que nous avons inlassablement qualifiée de folle et paradoxale - n'est pas la traduction d'une justification du monde. Malgré tout ou grâce à tout, la joie est joie de l'existence en général, comme telle. Et l'approbation du réel sous tous ses aspects l'affirmation instantanée (i.e. présente) que, quoi qu'il se passe, le réel est complet, parfait (non moralement parlant). Mais précisément, la joie tragique est le contraire d'une justification. Il ne s'agit pas de se réjouir du mal mais de se réjouir de n'importe quoi, aussi bien de rien que de tout, indépendamment de l'objet de la réjouissance. Nous l'avons également martelé, la philosophie de Clément Rosset n'interdit en aucun sens l'action et l'éventuelle transformation du monde. Seulement, celle-ci ne peut être que temporelle (on ne change pas le réel advenu mais on peut faire advenir un réel dont on est, partiellement, cause, même si cette action ne change, globalement, rien au cours hasardeux des choses). Au niveau microscopique humain, l'action n'est jamais qu'un aspect du réel, du hasard, une maîtrise relative et objectivement dérisoire (mais perçue, légitimement, comme significative) du monde dans lequel nous vivons. Il y aura progrès relatifs, dispersés, empiriques, mais pas de mouvement général, idéal et significatif à l'échelle de l'existence, de Progrès. L'action est nécessairement localisée, dans l'espace et dans le temps. Elle ne complète pas le monde dans le sens d'une plus grande justice, d'une amélioration, elle n'est qu'une parcelle de son cours.
D'autre part je dirai que le tragique, n'étant qu'une désignation du réel, sub specie vitae si j'ose dire, ne saurait être dissocié. Social et existentiel ne diffèrent qu'en degré ou en perspective, selon l'échelle adoptée. Il n'y a pas, ce me semble, de différence de nature entre les tragédies quotidiennes non moralement significatives de l'existence humaine (mort, maladie, mélancolie, dégoût, suicide...) et les tragédies sociales (moralement, ou plutôt juridiquement, socialement significatives). Le tragique n'est que la traduction du fait que ce qui a lieu ne saurait avoir lieu qu'ici et maintenant, de façon irréversible, unique et, en un sens, inévitable. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'aurait pas pu "mieux faire", mieux redistribuer, mieux assister. Cette meilleure organisation politique possible de la société n'est pas une objection au fait que le monde est parfait. Elle n'est qu'une probable (et non possible) situation future de la société que certains moyens humains peuvent contribuer à créer. Les hommes, il faut le répéter, ne sont pas extérieurs au monde, ils n'en sont pas séparés, ils y sont même coincés. L'approbation tragique de la vie, de l'existence, du réel, du monde, du temps ne me semble donc pas condamner les hommes tragiques à un Oui servile à toutes choses. Il n'y a pas de "phobie du dire Non à la non-vie", seulement un refus de croire que les dommages pourraient ne pas être réels. La philosophie de Rosset n'a certes pas théorisé les conditions d'une action politique locale sur le monde, mais elle ne les interdit pas non plus. Seulement, elle me semble constituer un salutaire remède aux illusions idéalistes et moralisantes au profit éventuel d'une création lucide de présents plus désirables. Elle est comme la première étape, le diagnostic (qui est déjà en même temps une cure) des mécompréhensions du monde. Une fois débarrassés de l'encombrant fardeau moral, nous pouvons, ce me semble, continuer de produire minimalement le présent. Mais cela implique une puissance d'agir et un monde réel sur lequel agir que la condamnation de l'ici-bas ne permet pas respectivement d'acquérir et de penser.
J'ai souvent remarqué chez les (mauvais) lecteurs de Rosset, la confusion de la tautologie du réel avec la promotion de l'expéditive maxime 'business is business' voire du brutal et lapidaire grognement 'c'est comme ça et pas autrement'; je crois d'ailleurs déceler une once de provocation chez Rosset lorsqu'il s'en prend au slogan 'un autre monde est possible'. Votre mise au point est donc importante.
RépondreSupprimerOn notera que la critique à laquelle vous vous attaquez est l'analogue de celle souvent portée contre Spinoza disant de l'aveugle qu'il ne manque de rien. Toutefois, contrairement à la philosophie de Rosset, on trouve élaborés chez Spinoza les concepts centraux de puissance et de désir ; ceux-ci rendent alors la réfutation aisée, en autorisant un certain usage de la notion de possible (relativement à la logique et à la puissance des modes finis) même au sein de la nécessité la plus intégrale.
Et pourtant, la contingence à laquelle tient Rosset permettrait a priori une défense immédiate, voire anticipée. En effet, ce n'est pas parce que x1, hic et nunc, est nécessairement x1, qu'hier, x1 devait nécessairement se produire ici et aujourd'hui. Un x2 était en fait absolument possible, qui aurait été, lui aussi, lui-même et pas un autre. Qu'en fait x1 se produise et non x2, voilà ce qui reste mystérieux pour un lecteur de Rosset qui chercherait en vain dans ses ouvrages (vous me corrigerez le cas échéant) une assertion de ce type : si x1 s'est produit, c'est parce que l'on a fait en sorte qu'il se produise de préférence à x2, x2 qui, sinon, aurait eu lieu. Bref si, stricto sensu, un autre monde n'est pas possible, un autre état du monde, en revanche, l'est bien entendu tout à fait.
Comme vous le savez, je trouve étrange chez Rosset l'immense insistance sur le réel tel qu'il est, comparée au silence fait sur ce que le réel peut devenir. Ce déséquilibre quasi absolu (sans doute plus moral qu’éthique), favorisant la dimension de l’inéluctable par rapport à celle du modifiable, est, me semble-t-il, la racine des malentendus les plus grossiers au sujet de sa philosophie ; racine peut-être d’ailleurs, symétriquement (réactivement ?) et délibérément conçue à cette fin. Toutefois, c'est aussi, je pense, le point aveugle le plus stimulant spéculativement.
la joie tragique est le contraire d'une justification, ok, et s'il ne s'agit pas de se réjouir du mal bien évidemment mais de se réjouir de n'importe quoi donc du mal également, cela ne peut être qu'avec un certain recul et une dose de cynisme et surtout si ce mal ne vous touche que de bien loin presque en rien comme par exemple les tours de wall strade center, le cynisme et la joie je sais pas il y a qq chose là qui me gêne. j'ai bien compris que la joie tragique est une folle, désirée et désirante, éphémère bien ficelée empiriquement face à un réel afin de supporter cette vie.
RépondreSupprimerje voulais ajouter également et oh combien consolatrice mais après tout ou malgré tout la joie tragique pourquoi pas, en effet c'est une question de caractère ou d'humeur du moment, car la joie personne ne pourra croire qu'elle est de tous les jours bien sur, mais seulement jaillissante telle une éjaculation. Ainsi, nous sommes moins ennuyeux pour nos proches, nos voisins, pour soi même, et puis si la joie n'y est pas ici et maintenant on peut toujours aller se cacher pas pour renvoyer le réel ailleurs mais seulement pour pleurer, pleurer sur l'épaule de quelqu'un c'est bien aussi, c'est joyeux aussi quelque part. il suffit d'y croire, de se berner avec, comme kant pensait que l'identité d'un moi était nécessaire, il fallait y croire pour asseoir une fugitive morale pondue de la raison pure. Si Clément Rosset se sent bien là dedans c'est qu'il est dans le vrai mais partiellement et ponctuellement.
RépondreSupprimerAllez je persiste dans l'hérésie. je ne comprends absolument pas un mot de ce passage : "D'autre part je dirai que le tragique, n'étant qu'une désignation du réel, sub specie vitae si j'ose dire, ne saurait être dissocié. Social et existentiel ne diffèrent qu'en degré ou en perspective, selon l'échelle adoptée. Il n'y a pas, ce me semble, de différence de nature entre les tragédies quotidiennes non moralement significatives de l'existence humaine (mort, maladie, mélancolie, dégoût, suicide...) et les tragédies sociales (moralement, ou plutôt juridiquement, socialement significatives). Le tragique n'est que la traduction du fait que ce qui a lieu ne saurait avoir lieu qu'ici et maintenant, de façon irréversible, unique et, en un sens, inévitable. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'aurait pas pu "mieux faire", mieux redistribuer, mieux assister. Cette meilleure organisation politique possible de la société n'est pas une objection au fait que le monde est parfait. Elle n'est qu'une probable (et non possible) situation future de la société que certains moyens humains peuvent contribuer à créer."
RépondreSupprimerC'est (apparemment) moins confus que "En effet, ce n'est pas parce que x1, hic et nunc, est nécessairement x1, qu'hier, x1 devait nécessairement se produire ici et aujourd'hui. Un x2 était en fait absolument possible, qui aurait été, lui aussi, lui-même et pas un autre. Qu'en fait x1 se produise et non x2, voilà ce qui reste mystérieux pour un lecteur de Rosset qui chercherait en vain dans ses ouvrages (vous me corrigerez le cas échéant) une assertion de ce type : si x1 s'est produit, c'est parce que l'on a fait en sorte qu'il se produise de préférence à x2, x2 qui, sinon, aurait eu lieu."
mais comme il n'y a sans doute pas de demi-mesure dans le non-sens philosophique, une fois encore je vais allez relire Proust ou Baudelaire d'un côté et Russell de l'autre, mais d'intermédaire que nenni. Bien à vous.
Dans ce cas, bon vent à vous.
RépondreSupprimerLa meilleure façon évidente de parler de Rosset(un homme qui pense, perce, se permet de trouer) dans une émission radio ou sur un blog ne serait pas de se taire?(l'idée était donc de le faire connaître)C'est pas pour être hostile que je dis ça, j'ai bien aimé l'émission, j'ai même découvert amusé et étonné(qu'il existait une sorte de surnietzsche) ce Rosset.Il y a de l'éternel retour de ce "se taire".Difficile de résister aux tentations d'exister, moi-même je tape ce message insensé alors je ne vais pas vous blâmer.La conduite de ce Rosset est inqualifiable, la votre aussi monsieur Delon.Pourquoi dire ce qu'on sait?L'éternelle question.Pour s'amuser à être, s'amuser à exister.Il est étrange de dire.On a réponse à tout.Tous les penseurs( les Hommes) sont Rosset, Rosset est tous les penseurs.Oui je sais, Rosset n'est pas un penseur, il existe.Pourquoi ne pas se taire quand on sait tout?(c'est trop touffu et on s'étouffe?)Moi-même en cet instant je ne me tais pas je suis d'accord, mais je sais que je dis d'insolubles bêtises, je trouve que Rosset devrait aller jusqu'au bout pour être Rosset.Dire est gratuit, il le sait, il sait tout, comme vous, comme moi.Vous disiez un truc dans l'émission, je ne sais plus, qu'on savait déjà d'avance, je sais plus c'était très intéressant, l'explication vient après, je sais plus quoi, y avait une citation de Pascal, eh bien c'est pareil, on sait qu'on va savoir.Se taire et dire c'est la même chose, mais peut-être que nous taire, ou bien y arriver, est notre but, ou serait le but, je sais bien qu'on a pas de but.Je ne sais pas en quoi c'est violent, en quoi c'est véridique, en quoi c'est tragique la pensée(c'est drôle) d'un Rosset, parce que c'est inhérent peut-être.L'idée c'est qu'il existe et existera toujours plus foncier, véridique que la pensée de Rosset.Moi-même m'estime plus profond qu'un Rosset(parce qu'il a osé écrire, délimiter), c'est idiot je sais bien.C'est comme ça en chacun de nous peut-être, on ne peut s'empêcher d'être des hyperlucides.Mais on ne s'arrêtera jamais," il n'y pas d'arrêt dans la subtilité des choses", tout est vrai, réel, sensé, c'est ça l'éternel retour(une des nombreuses branches de l'éternel retour).On ne peut rien dire quand on sait, on joue.Moi je pense carrément que Rosset se trompe sur l'idée du double(un penseur ne se trompe jamais, il retombe toujours sur ses pattes), si il pense qu'un jour on pourra dire nos pensées avec sincérité, véridisme, c'est qu'il est idéaliste et croit en un double, car L'idée d'un Rosset, d'un Nietzsche, c'est que Rosset ne peut pas être Rosset dans ce monde, Nietzsche ne peut pas être Nietzsche, alors viendra un beau jour où...ils pourront enfin s'ébattre, vivre, se battre.
RépondreSupprimerLe potentiel c'est un dédoublement, c'est idéaliste, c'est vital, c'est la conscience même, la conscience qui tend.Rien que ce "deviens", deux fois il veut dire, ce deux fois.Je dis n'importe quoi, désolé, mais c'est le but?De notre vie présente, une des autres branches de l'éternel retour c'est qu'on ne peut rien rejeter selon moi, l'déalisme, la faibllesse, on parle coomme des mystiques, des religieux, des illuminés par exemple, et à la fois nous sommes très rigoureux, glaciaux, tout est présent, tout revient, tout est revenu.Ce message n'existe pas.Rosset dit: on ne peut vivre dans le présent(il a passé sa vie à dire ça, mine de rien).C'est bien qu'il se dédouble.Tout ce qui est dit avait la possibilité d'exister, on aurait pu ne jamais le dire.Nous sommes des dingues, mais c'est positif(contre le moral Cioran).Rosset sait qu'il ne sert à rien, qu'il n'est pas exceptionnel.
Appellez-moi Bug(comme le film) en cet instant dans votre esprit.C'est passé dans votre esprit.
je trouve souvent qu'il y a plus de vie, de chair, de sensibilité dans les commentaires que dans ce qui les déclenchent. Et si Bug vous vous êtes autorisé à laisser dire d'insolubles bêtises, c'est tout en votre honneur, nous en sommes tous là, qu'importe, c'est aussi intéressant que les propos de nicolas Delon ou clément Rosset. cela dit j'ai aimé l'émission sur la force majeure et loin de moi, je l'écoutais en marchant au bord de la mer et comment dire l'émission était le déclencheur "un objet transitif" pour baigner dans la joie l'amour qui est tjrs ce qui nous précède certainement et que nous savons à l'avance, mais parfois on ne sait pas trop pourquoi qq chose tourne mal pour nous et la mélancolie s'installe. La joie parfois fait l'amour au réel qui le lui rend bien.
RépondreSupprimerCe blog bisounours, Clément Rosset, Delon, ne sont pas vains, disons qu'ils ne se servent qu'à eux-mêmes, ne servent qu'eux-mêmes.Cioran dit la base, révèle la base, la vie est désespérante car on est désespérément seul et on voudrait(pourrait) tout dire, et on a jamais raison car on a toujours raison, car c'est suspect d'avoir toujours raison, ou c'est normal.C'est parce que c'est désespérant que ça ne l'est pas, mais c'est quand même désespérant.Cioran aura toujours raison et moi plus que lui.Tout comme Nietzsche a raison sur tout, Rosset sur tout.Léthernel retour c'est Cioran qui aura toujours raison, pas lui, mais ce qu'il a voulu exprimer.Il m'arrive de me dire bordel mais qu'est-ce que je m'embête(en ouvrant le frigo tout à l'heure)! comme je suis infiniment triste!Et pourtant je suis autant rossétien que toi l'anonyme, ou toi Delon.Le nihilisme l'emporte, on est des nihilistes.Je crois que Rosset détruit des choses qui n'existaient pas, réhabilite des choses qui étaient déjà habilitées(on ne s'est jamais pris pour autre chose que des affirmateurs, sauf il y a qqs années, semaines, jours, mais je doutais).Je pense sincèrement que l'éternel retour est l'idée la plus puissante, tout comme Zarathoustra est son livre le plus grand, car le plus vague.Vous vous êtes déjà posé la question dans votre atelier?Comment se fait-il que des gens aussi avisés que vous, ou que votre révélation Clément Rosset, puissiez me sembler complètement vains, presque à côté de la plaque, vous imaginez?Trouver Clément Rosset à côté de la plaque du gôût, du dégoût?Il faut le faire!Le meilleur hommage(travaux oui) que vous pourriez faire à Clément Rosset c'est d'être vous même des Clément Rosset, de l'oublier, c'est encore une fois l'éternel retour, Tout ce que Rosset a pensé vous le recroiserez en le pensant vous-même.Je suis aussi personnellement contre du cioranisme mais il faut le dire une bonne fois, Cioran est forcément plus profond que tout le monde, je parle pas de son être, mais de ce qu'il exprime, de l'impossibilité de tout dire, de creuser autrement que tout seul, nous on garde espoir c'est tout, on est des idéalistes, des dédoublés, deux dés, un de plus que Cioran.Ce qu'exprime Cioran est en nous et c'est pourquoi ça a autant de répercussions.Personne(interlocuteur) n'existe pour mes pensées, et c'est ce que tout le monde pense pour lui-même.Je suis un rabat-joie nietzschéen, et rossétien donc.Car justement l'idée de la joie c'était ça, la joie c'est la non-joie, le non-événement, ou encore la joie banale, sans joie.La joie indicible alors, imperceptible, inexistante.Après tout ce qu'il a écrit Rosset ne sera jamais rassasié, ne sera jamais joyeux, satisfait(ou alors c'est son problème), ira en enfer, ne connaîtra pas le paradis sur terre, ai-je besoin d'être joyeux pour exister?Je suis déjà joyeux, j'ai pas l'air?Clément Rosset veut de la magie, des amis qui ont leurs pensées à eux en plus des siennes, devenez celui que vous êtes et vous ferez un homme heureux de son vivant.Tout ce que je sais c'est que je suis complètement désespéré, comme "le premier homme", le premier étant le même que le dernier, retour éternel.Pourquoi j'ai l'éternelle impression alors que tout est à faire, que tout est à expliciter, que tout est détaché, hors contexte, solitairement(là où on est le plus solidaire).La joie Rossétienne n'existe pas.La joie rossétienne serait un entrain alors, une envie de savoir, l'idée de savoir qu'on peut savoir après qqch qu'on ne savait l'instant d'avant, c'est avoir vu la lumière.Vous voulez pas me faire un blog, c'est trop pour un commentaire.Arrêter et continuer, encore l'éternel retour( il est normal que ça revienne souvent, que je sois redondant) tous les jours en nous il y a une cohabitation de l'arrêter et du continuer, ou du commencer, nous sommes arrêtés, finis, et c'est pour ça que nous continuonns, commençons, recommençons, ce sont des manies.Réveillez-vous les "rossétiens.Recettiens.Cioran doit être en train de ne pas se marrer c'est-à-dire de se marrer, l'homme le plus malheureux du monde, l'homme le plus basique, normal, avec juste son désespoir au bout de la langue, moi non plus je n'aurais pas aimé avoir le corps de Cioran.Pauvre ami de l'homme sans amis.Il est temps d'ouvrir les malles de malheur, je vous le dis c'est maintenant, aujourd'hui.Désespérante joie rossétienne, dictature de la joie.On est d'accord la joie veut dire autre chose que joyeux, c'est pas la joie naine aux pieds de blanche neige.La joie est un pouvoir, une prétention.Le créateur est joyeux, ça ne veut pas dire qu'il crée en chantant et sautillant.Et le récréateur alors?La joie c'est cette impression de ne penser à rien, de s'autosuffire, d'être heureux où on est, dans ce qu'on est, la joie dans la solitude, dans l'hermétisme.Ne pas souffrir de l'absence de l'Autre, des autres yeux, ne plus souffrir de la faim de connivences.La joie serait la fameuse connaissance sans témoin, la capacité d'oublier, de s'autosuffire, de ne plus souffrir de. ne plus avoir besoin, la capacité de se contenter.Le se-taire nirvanesque.Je ne dis pas que j'en suis là, mais c'est ptêtre ça le but du présent.Pourquoi vouloir exister si on sait tout, si on est si joyeux d'exister personnellement.Ptêtre parce qu'il reste une sorte de vide, d'ennui, de mort.Pourquoi n'arrivons-nous pas à nous terrer?Dire c'est la grâce d'exister mais pourtant ça fait souffrir en même temps, éternel retour du bouddhisme, ou de la quête du bonheur, de la soif d'un autre monde.C'est bien de toute façon ce que dit Rosset, c'est bon de voir un autre que nous vouloir dire la vérité, à sa façon.
RépondreSupprimerLe singe de Rosset le singe du premier homme.Eternel retour du même, es-tu prêt à accepter l'idée?Ouais et alors?A penser la pensée de la pensée de la pensée de la pensée de la pensée?..euh ouais, c'est pas grave, aboule.
Ce sera la conclusion, je pense que la seule chose qui pourrait nous sauver c'est de devenir volontairement dingue, d'acepter l'idée du n'importe quoi, de tout abandonner, et ça c'est pas demain la veille.Répandre la folie?Mais pas la folie on jette nos slips, tout ça, on boit des coups, non.La folie sérieuse, furieuse, curieuse.J'arrête de polluer je le promets monsieur Delon.
La mauvaise herbe, l'éternel retour.Qu'on le veuille ou non j'ai inventé une nouvelle façon de philosopher(celle du puceron des bois, du dernier homme?), la philosophie magistrale du plébéien empli du ressentiment alors sans ressentiment, se sachant ainsi, médiocre, génial, un homme hynride est né?Inclassable homme sans classe.Entre Rosset, Artaud, et la concierge, non je ne suis pas fils de concierge, ça n'existe même plus d'ailleurs.Je suis une énigme pour moi-même.Je me tais à jamais, pardon Delon Nicolas, saint Nicolas(la voix dans l'émission radiophonique...;-).Adieu mésamis mésiintelligents.Je me suis tu.Fatigant je suis faussement, fatigué en réalité, même pas vrai.Vraiment vrai ça n'existe pas, alors Nietzsche tu repasseras, faire un bon repas au banquet.
Le mauvais assumé, c'est nouveau, j'ai inventé(non?).
Cher Monsieur (Chers Messieurs? J'ai du mal à suivre),
RépondreSupprimerJe suis heureux que de simples émissions déchaînent autant les passions et les langues. C'est bien la preuve que la pensée de Rosset est tout sauf anodine. Quant au fond, je ne comprends pas un traître mot de tout ce qui vous écrivez. Je ne me sens donc pas obligé d'y répondre. Je ne prétends pas être aussi doué de la plume et indispensable que Clément Rosset, néanmoins je m'énoncer clairement et de façon peu ou prou argumentée ce que je pense pouvoir dégager de son oeuvre. Je ne suis qu'un pauvre commentateur qui croit, comme tout commentateur, qu'un texte, s'il se suffit à lui-même, peut néanmoins être tenu en vie par un surcroît de lecture. Peut-être s'agit-il donc, comme disait Deleuze, de faire des enfants dans le dos à celui qu'on commente. Les enfants ressemblent à leurs parents, quand bien même ils ne les connaitraient pas, quand bien même ils ne leur ressemblerait qu'imparfaitement.
Enfin, vos commentaires ressemblent trop souvent à des attaques, très mal formulées en outre. Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est que vous perdiez autant de temps et d'honneur pour un travail (le mien) qui vous semble si vain. Si selon vous il vaudrait mieux se taire, je vous invite à respecter vos prescriptions, d'autant que vous redoublez ma supposée vanité en parlant d'une parole parlant d'une parole elle-même parlant de... bref, vous comprenez, c'est votre style.
Bien à vous,
ND
(je m'EFFORCE d'énoncer clairement...)
RépondreSupprimer(qui croiS)
(ressembleraiENt)
Je vois que la philosophie suscite des commentaires brûlants mais aussi très intéressant ...
RépondreSupprimerComment je suis venue ici ?
Je jouais au Scrabble , j'ai lu dans le forum , une question du genre qui connaît Clément Rosset ...
J'ai tapé dans Google ... Et me voilà ;o)
Et je ne suis pas déçue ...
Bonne soirée , je reviendrais vous lire , car c'est assez truculent ^^;o)
Je dois dire que c'était assez évident et clair dans l'émission malgré le format imposé. C'est la réussite de cette émission que de transmettre un savoir vaec limpidité et simplicité.
RépondreSupprimerVous avez donné envie de lire Rosset. Avec joie.
Stéphane, Nice.
(où enseignait Clément Rosset quand il était à Nice ?)
Je me posais une question, je ne sais si je vais savoir la formuler correctement, je vais essayer . Suite à l’émission sur la logique du pire dans laquelle il a été dit que le corps n’est pas séparable de l’esprit, que nous ne choisissons pas d’être joyeux, que le pessimiste ou l’optimiste est une question d’humeur, de caractère comme je le pense aussi, c’est là que je m’interroge est t-il possible, par un heureux ou malheureux hasard bien entendu, que cette humeur, ce caractère qui fait que nous sommes ce que nous sommes, puissent être modifiés et ce, non pas à court terme mais à long terme comme par exemple à la suite d’une analyse ou peut être en lisant les livres de Clément Rosset ou encore à la suite d’un évènement survenu dans son histoire? Et si oui comme je le crois, n’est-ce pas par un « savoir » impensé ou plutôt un sentir qui se sent sans médiation, plus intelligent que nous, ce qui me me conduit à Spinoza : que peut un corps? Ou qu’Est-ce qui pousse un corps à franchir la porte d’un analyste. Ce savoir, ce sentir là étrange, énigmatique, irreprésentable est premier, joyeux et la tristesse ne peut être que secondaire telle une intruse. Voilà, j’espère ne pas avoir été trop confuse, si des participants de cet atelier avait la gentillesse de m‘éclairer.
RépondreSupprimerdjean st mandrier sur mer
Tu es curieuse Marie.(déduction idiote à la Rosset-sartre, c'est un fait)
RépondreSupprimerMais ce n'est pas un forum ici c'est un commentarium.Commentarium dans lequel je me suis agité comme un beau diable qui ne veut pas se laver.Un forum serait tout autant un bénitier de toute façon, c'est pas un club de rencontre ici, on ne joue pas au scrabble; on ne marivaude pas.C'est ça la vulgarisation, l'acculturation, c'est Marie arrivée jusqu'ici.Monsieur Delon va devoir faire avec, devoir endiguer la gaieté plébéienne, ce charme circéen, un peu dépassé il sera mais c'est la rançon de la gloire, mais c'est ça l'éternel retour, tout le monde arrive, revient, l'invasion des profanateurs de sépultures.
Si niais:La vrai anonyme, celui qui a du style, le truc hulant là, eraser head.(je reviendrai me venger intelligemment, comment pourrait-il en être autrement qu'intelligemment si c'est moi qui reviens?)
Je ne suis pas en train de la jouer:je suis votre pire cauchemar N.D, je suis juste en train de la jouer:je suis votre pire cauchemar N.D, juste en train de simplement parodier, de parodier le passager du train la nuit.Vous devriez plus vous méfier des idiots qui racontent le bruit et la fureur de la vie qui ne signifie rien, ne fuyez pas la réalité..."je ne comprends un traître mot de ce que vous dites...", vous préférez comprendre(alors que comprendre, avoir compris c'est appliquer, reconnaître.Cette phrase est simple non?Il faut s'arrêter après la virgule, reprendre, prendre un ton guttural de connaisseur.J'ai ptêtre un côté elliptique car je fais confiance, je pense que tout le monde sait lire, alors que lire est simple, c'est une question de tonalité, il faut faire confiance à celui qui écrit, à son ton sobre et connaisseur qui se fait passer(le ton) pour un fou qu'il est vraiment), j'ai remarqué(là j'ai repris ce que je disais avant la parenthèse), et craignez la traîtrise, la non-fidélité.Vous n'ambitionnez pas dire la vérité, vous n'êtes pas un mystique, vous êtes un désillusionné, un non-dupe, d'accord.C'est tout ce qui nous oppose, je vais pas la jouer je suis votre contraire, vous dire que c'est tout ce qui nous oppose.Le fait que vous ne soyez qu'un commentateur d'une sorte de commentateur ne révélerait-il pas une sorte d'antinietzschéisme foncier, chez vous et Rosset?Plutôt vivre que commenter.Houla la elle est terrible celle-ci!...non c'est que je mate un calendrier sexy en même temps, je me dédouble.
RépondreSupprimerComment ce fait-il que je sache tant de choses...je ne sais pas d'où ça vient.Moi j'aimerais qu'on me dise: je sais tout(cest ptêtre la définition de l'amitié, ou son esence, l'essence de l'alter ego).Au lieu qu'on me dise je suis un humble commentateur.Rien de plus intéressant que d'enseigner à qqun qui sait tout.Souvent on me dit qu'on ne comprend rien à ce que je dis, et ça me laisse incrédule, je me dis c'est pas possible les gens font semblant de savoir lire, semblant d'avoir de la suite dans les idées, semblant de vivre, de s'intéresser.
Un jour vous me vénérerez tous!...il y aura un atelier "Bug(God?), l'homme sans identité, construction et déconstruction de nos préjugés à partir de lui qui est tout le monde et personne".Si cela n'est pas du ressentiment, de la mauvaise digestion, je ne m'y connais pas!L'oeuvre du dernier homme, la philosophie du dernier homme, vous analyserez mon oeuvre.Comme quoi il n'y avait que le dernier homme pour comprendre la philosophie nietzschéenne de Dionysos(le premier?).L'unique démystificateur des préjugés.Et puis l'éternel retour, la base recréée, la nouveauté, le recommencement, Uberplaton, ubersocrate, ubersophiste, ubercynique...uberpan.
Quand j'ai entendu une certaine émission sur un certain Rosset inconnu de moi j'ai souri en me marrant, encore un Cioran bis je me suis dit, un antimystique qui veut dire la vérité, et puis j'ai été indulgent et me suis mis à écouter régulièrement.Et puis à la fin c'est indiscutable(émission apothéose sur la joie) et c'est discutable, archi discutable, je suis devennu en l'espace d'une journée une sorte d'anti-rosset.Ca serait très long de dire pourquoi, mais c'est indiscutable au bout, il y a des choses qu'il dit qui me ressemblent(toutes?), et plein de choses avec lesquelles je comprends que je suis l'inverse, notamment le double, ou son anti-mysticisme.En fait il est Cioran en plus singulier, en Rosset se faisant des raisons plus positives, intriguées.
Pourquoi les doubles du réel seraient faux?Drôle d'idée pour qqun qui veut tout réhabiliter, réhabiliter le réel.En fait je connais déjà les réponses, j'ai déjà complètement démonter Rosset en une journée, d'où ma jouissance présente.Même si je suis d'accord avec vous quelques fois il a les bonnes(j'ai osé) intuitions, notamment sur la gaieté de la plèbe, le fait d'en finir ravec les intellectuels pour les intellectuels, mais il y a des choses qui ne sont pas logiques, qui sont cqfd.Rien que pour l'histoire de la digestion par exemple, alors Cioran digérerait mal et Rosset mieux que Cioran?Et puis en plus digérer bien ou mal est suspect.La vérité c'est qu'il n'y a rien à digérer, on le sait vous et moi par exemple.Après, seul le penseur(le penseur tragique, l'homme tragique) connaîtrait le malheur et le bonheur(joie, chance); là je ne comprend carrément pas, je n'ai même pas de contre-argument, et même pas de contre-arguments moraux, je ne comprends pas la logique, le fait de sortir ces deux principes comme des monstres marins domptés par les hommes tragiques, ils me paraissent complètement gratuits ces distinguos, mais mêmes les dinstinguos entre plèbes, ignorants et les hommes tragiques.Quand il dit ça selon moi il parle de gratuité, et en plus son jugement apparaît totalement gratuit comme par hasard.Tout le monde peut se juger plus connaisseur du malheur et de la joie qu'elle peut engender.Moi-même qui ne suis ni tragique ni joyeux puis m'exprimer en immense connaisseur et je ne vois pas ce qui pourrait faire la différence et me signifier que j'ai tort de m'estimer si hautement et humblement à la fois.
Encore qqch contre Rosset et même N.D c'est d'estimer qu'on peut convertir les autres à notre pensée, même être converti à Rosset, c'est en totale contradiction avec ce qu'il dit de l'homme tragique, Rosset a raison?Il a quelques bonnes intuitions.Suggérer une sorte de convertion possible à la pensée de Nietzsche ou la pensée de Rosset est...malhonnête(pris un mot au hasard), si encore Rosset croyait en une vérité universelle en mystique ça pourrait coller, ça serait communicable, ça serait logique, salvateur de communiquer sa pensée, de la divulguer;enfin il y a qqch qui ne colle pas.Nietzsche se sait mystique, comme meilleur mystique, ou surmystique, il a rejeté quelques doubles, mais jamais un double ontologique, il ne nie pas le mysticisme, le secret, le sacré, la conscience, la création.Du coup c'est peut-être hilarant, "Rosset réhabilite Nietzsche".Nitezsche est tout, il ne réduit pas la réalité, il a confiance(en moi par ex il a bien fait de faire confiance, il faut avoir confiance en l'Autre, au prochain).Enfin c'est totale contradiction, totale oposition, comme par ex le fait de vouloir en finir avec le vague, le mysticisme, le double, alors que c'est toute la vérité mystique chez un Nietsche, un Bataille, ce noir désir mystique, poétique.Rester vague, ne pas s'arrêter, ne pas être fatigué, ne pas se fatiguer de la poésie, de la représentation, c'est incroyablement nietzschéen.Et je pourrais continuer des heures comme ça, j'avais des milliards de choses à dire, continuer d'asséner en assassin l'universelle vérité(la dionysienne?).Non elle n'est pas la mienne.Si Nietzsche n'est pas mystique la vie n'a rien compris à la vie, on peut tous en finir avec nous-même.Il nous a offert le dernier homme, Nietzsche avait tout compris de Nietzsche et des nietzschéens(c'est comme cette peur risible de se qualifier de nietzschéen, il est évident que le dernier homme allait pouvoir tout se permettre, de tout se faire maître).Ne vous inquiétez pas pour moi je ne vous ai pas tout tout tout dit.Tout, tout, tout, je dirai tout sur le surhomme, ou le Ninietzsche.
Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille...
RépondreSupprimerPour la pensée de Rosset, il y a là un problème sérieux et réel, et le mérite de vos deux dernières émissions est de l’avoir fait entendre, de manière presque provocante.
RépondreSupprimerRésumons : le fait que le réel se suffit absolument à lui-même impliquerait-il un quiétisme, un laisser-faire de principe et une approbation morale de ce qui est, au seul motif que cela est ?
Sans répondre en général à la question, je porte le problème sur le plan particulier de la politique.
Si l’action politique consiste à (essayer de) promouvoir un monde qui réaliserait ce qui devrait être au lieu de ce qui est, il est clair qu’il n’y a pas de politique selon Rosset. Car, qu’on nous propose de ce monde, par déduction en négatif de celui qui est ou en vue de réaliser nos désirs, une vision entièrement détaillée (un prêt-à-exécuter) ou une formule vaguement décrite par l’expression « un autre monde est possible », dans les deux cas il s’agit de déterminer une action d’après un double certes gratifiant mais illusoire et lui-même éventuellement induisant au pire. Cela s’est vu.
En revanche, il faut rappeler que l’événement est précisément l’un des modes sous lesquels la réalité du réel se rappelle à nous, contre nos attentes. À travers l’analyse souvent reprise du mythe d’Œdipe, Rosset fait remarquer le caractère à la fois non prévisible et inévitable de l’événement. Or, justement, c’est cela que nous apprend l’expérience immédiate et constante de la politique, une expérience qui nous rappelle que la politique, sérieusement et sainement envisagée, consiste à agir dans la pleine conscience de ce principe : on a appelé cette disposition morale l’éthique de la responsabilité. Si en effet il paraît meilleur hic et nunc qu’il n’y ait pas de bourreaux, mais qu’il n’est pas si efficient que cela, pour combattre les bourreaux, d’imaginer un monde où il n’y aurait plus de bourreaux, alors rien ne nous empêche, politiquement parlant, de contribuer démocratiquement à faire prendre des mesures ponctuelles, modestes et précises, pour empêcher tels bourreaux de nuire. De même, par exemple, en faveur d’une politique d’éducation qui, au lieu de décrire un autre monde où la planète serait purifiée de toute souillure (!) et accessoirement de toute humanité, apprendrait aux plus jeunes le sens du risque à travers une proposition inlassablement répétée, et rossétienne, selon laquelle le malheur vient toujours d’où on ne l’attend pas (ou plutôt qu’on se refuse à le voir venir, car on attend autre chose). Nous ne le voyons pas venir, parce que nous envisageons un autre monde où il ne serait pas. Ainsi de la canicule de 2003 : il n’est pas absurde de préparer un état de choses pour le cas où il s’en produirait une autre ; mais il serait encore plus sage de préparer la société à l’idée d’événements qui seraient aussi meurtriers mais que nous ne connaissons absolument pas d’avance. Autrement dit : de former la société à une culture du réel.
Bon, voilà Rosset en instituteur d’une politique du risque… Probablement il n’aimerait pas beaucoup cela, mais nous sommes bien libres d’y penser.
pierre, ce serait bien d'arrêter de penser qu'en prévoyant le pire (culture du réel) nous serions plus tranquille, ce serait sans compter que nous communiquons par des desirs, des tragédies etc ..., aussi que trop de prévoyance n'évitera pas d'autres effets de réel tout aussi catastrophiques que s'ils n'avaient pas été envisagés. je ne trouve pas que tout va mal et qu'il faille par là s'en rassurer et se dire donc que tout va bien on ne se dupe pas si facilement. se dire que tout ne va pas si mal ce n'est pas plus rassurant.
RépondreSupprimerClément Rosset n'a jamais dit qu'il était impossible d'agir et de produire un monde (qu'on pourrait juger) meilleur. Il n'a jamais souhaité élaborer de philosophie politique, c'est le cas de nombreux grands philosophes, conservateurs et sceptiques quant au fondement du pouvoir et à l'éventualité de faire advenir la justice sur terre (Montaigne, Pascal, Machiavel). On se reportera aux Remarques sur le pouvoir dans LE PHILOSOPHE ET LES SORTILEGES et aux chapitres sur Hobbes et Machiavel dans L'ANTI-NATURE. La seule thèse de Rosset qui semble déranger en l'occurence, au vu des incompréhensions qu'elle semble susciter, c'est que les hommes n'ont pas le pouvoir d'influencer en profondeur le cours des choses et que de justice il ne saurait y avoir dans un autre monde mais dans ce seul monde qui nous est donné.
RépondreSupprimerDonc, au risque de me répéter: pas de résignation, pas de laisser-aller, et surtout pas d'"approbation morale". Sa critique (facile et rapide) du slogan altermondialiste veut dire deux choses:
- Il n'y a pas d'autre monde
- Il n'y a pas de possible
Donc encore moins d'autre monde possible... Il n'y a qu'un monde et c'est un monde réel. Cela ne veut pas dire et cela n'a jamais voulu dire que tout ce qui arrive arrive indépendamment de nous. Les bombes ne tombent pas toutes seules. Cela n'enlève rien à leur aspect tragique. Un réel advenu n'est pas un réel qui n'aurait pas dû advenir. C'est éventuellement un réel qu'on préfèrerait ne plus faire advenir de la sorte et qui ne nous plaît pas.
La dispute est donc assez simple. En politique, on est soit idéaliste soit réaliste et on n'a pas attendu les philosophes pour le savoir.
Comprendre ne sert à rien si on n'en fait rien.Quel plaisir prend-t-on à comprendre des idées, une philosophie qu'on a pas dans sa chair et son sang?C'est très idéaliste de vouloir comprendre, ne serait-ce que communiquer avec conviction des sortes de thèses valables ou moins valables, vouloir convertir le monde aux intuitives thèses rossétiennes.Je crois que la question se pose à Nicolas de savoir pourquoi il fait ça, où il veut en venir, ses objectifs, mais même à Rosset, en exposant ses thèses il insinue vouloir quelque chose pour le monde des hommes conscients.Rosset c'est intéressant pour quoi?Pour aller où?Ce qui importe a toujours été l'objectif, les vues, l'avenir, la prétention, le potentiel.Pourquoi comprendre et vouloir comprendre si...?La philosophie Rossétienne est-elle affirmatrice?Peut-on un instant y voir qqch de réellement affirmateur, nietzschéen(réellement=nietzschéen)?Et si les mystiques(faux mystiques car ne s'estimant pas mystiques, c'est-à-dire ne s'estimant pas(dans les deux sens) en plein dans la vie même, Rosset tente de s'en persuader selon moi, qu'il est dans la vie même, qu'il a un rôle infime) étaient très justement Cioran et Rosset?Ces types même pas superficiels comme disait Nietzsche.Rosset profond?Profond pourquoi?Puisqu'il veut tout réduire, stopper au réel.Contre l'avenir, contre le devenir.J'entends pas en disant ça qu'il est inutile, ou je ne sais quoi, qu'il est bête, ou des conneries comme ça, j'entends des tas de choses.Il ne veut soi-disant pas avoir raison alors il ne peut avoir tort, le problème n'est pas là.Vouloir chasser les doubles(les démons), briser tous les miroirs est dans son mouvement, dans son essence suspect.Si son but immédiat(sans idéalisme, mysticisme, dédoublement) est de vouloir cesser de penser, je ne vois pas où est le problème, il peut s'abstenir.Rosset le tyran cioranien?Pourquoi vouloir en conclure, vouloir des conclusions, des soi-disant désenchantements?Présentés ainsi, comme des désenchantements.Qui a besoin d'être désenchanté, converti?Le monde entier?Le présent?L'avenir?
RépondreSupprimerLa chasse à la sorcellerie des doubles.Fini la magie.Car personnellement que Rosset soit joyeux, heureux, désllusionné ça me fait une belle jambe.Evidemment qu'il a le droit d'écrire, évidemment que chacun fait ce qu'il veut, peut, mais c'est pas nietzschéen un instant ça, cette tolérance, ça ressemble encore une fois au bonheur du dernier homme qui s'estime lucide et ne comprend pas la teneur en folie(anéantissement joyeux, destruction désintéressée("aux mains des barbares"), libératrice) de l'offre d'un Zarathoustra.Il faut accepter de sombrer avec intelligence dans l'inconscience, sorte de chaos désiré, nécessaire.Je dis pas qu'on y est exactement, mais on a plus d'un pied dedans.La fait que j'existe prouve que le monde a du sens.L'homme le plus sensé, averti du monde est le plus fou, il suffit que je me voie deux secondes pour cerner cela.
clément rosset est certainement joyeux dans sa philosophie avec mozart et un verre de whisky mais ce n'est pas un homme joyeux. il ne sera jamais Monsieur Hulot. La philosophie mais pas seulement elle, n'est qu'un attrape-nigaud, pour s'éloigner du réel mm si la sienne ne parle que de lui pour n'en rien dire, pour mieux se supporter et par là aussi se décharger de soi. Mais ce pouvoir là est purement imaginaire,la seule raison est qu'il impossible de se décharger du réel et de soi.Alors totalement désillusionné rosset c'est une blague? Mais rien nous empeche de nous illusionner avec lui c'est une bonne nourriture vivifiante et cioran l'était également avec son pessimisme très requinquant et si on y ajoute bach avec en prime un bon verre de vin en tournant les pages du temps c'est que du bonheur parfois aussi une pure joie très rapide mais tt de mm on la sent passer.
RépondreSupprimertout ca est tres interessant, mais deux-trois petites choses me posent quand meme probleme. parce que si on change localement le monde, ca veut dire qu'il etait en notre pouvoir de le changer, qu'il etait possible de le faire, non ? quand qqch n'est pas impossible, ce qqch est possible, non ? et puis etre probable comme vous dites, c'est etre plus ou moins possible, non ? je crois qu'il faudrait preciser ce que rosset veut dire, parce que la ca n'est pas clair et je ne comprends pas pourquoi ca condamnerait le slogan au niveau du possible… et puis changer localement le monde, c'est changer le monde parce qu'il n'est plus le meme, non ? si on change le monde ce monde est autre meme s'il reste ce monde. on peut faire un changement reel, en prenant le monde tel qu'il est, tout en le faisant en suivant un ideal, non? parce que si rosset dit juste que qqch d'impossible n'est pas possible, on est d'accord mais ca ne va pas loin... que rosset pense que ce que disent les altermondialistes est impossible (ou irrealiste plus qu’idealiste) est une chose (il ne dit pas ca directement), mais de la a dire qu'un autre monde est impossible, c'est jouer sur les mots ou faire un proces d'intention. je ne suis pas altermondialiste, mais sa critique est qd meme sterile parce qu'ils ne disent pas que ce monde n'est pas ce monde, et ils emploient le mot possible dans le sens ou le monde peut etre change, et ca, personne ne le conteste ici. c'est abusif de dire que les altermondialistes ne sont pas realistes au sens de la philosophie de rosset (ce monde = ce monde) ou au niveau politique. ni rosset ni personne ici n’a prouve ca. c’est rosset qui melange politique et philosophie parce que le slogan altermondialiste n’est pas metaphysique mais clairement politique : c’est ce monde qu’il veulent changer. de plus, il ne sont pas plus idealistes que les conservateurs. des deux cotes ils ont un ideal et font la morale, non ? encore une question : au nom de quel autre principe rosset condamne t il la morale ? parce que si on ne precise pas ca, dire qu'il ne faut pas faire la morale c'est peut etre aussi faire la morale.
RépondreSupprimermerci bcp.
jp
c'est évident qu'il est dans le pouvoir de chacun de changer le "monde". Le monde d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui,comme il est en notre pouvoir de changer les choses. Exemple je peux décider de faire le tri de mes poubelles, je peux le faire. Mais si cela ne se fait pas c'est que ça ne devait pas se faire puisque ça ne s'est pas fait. Quant aux altermondialistes ils ne veulent pas vraiment d'un autre monde ce qu'ils désirent c'est garder un idéal impossible à réaliser parce que n'importe quel monde ne sera jamais à la mesure de leurs idéaux, ça fait parti de leurs psychés quand bien même on leur apporterait sur un plateau ce monde idéal ils feraient la fine bouche car ce qu'il refuse c'est la réalité. leurs messages sont névrotiques. Tout ce qui n'existe qu'en changeant ne peut se modifier du fait qu'il change dit rosset dans son traité de l'idiotie, je crois, pour résumer.
RépondreSupprimerdjean
Monsieur Delon,
RépondreSupprimerGrâce à l'émission à laquelle vous avez contribué sur France Culture, j'ai eu le bonheur de découvrir Clément Rosset dont j'ai commencé à lire l'oeuvre depuis. Je vous remercie également de votre blog qui apporte des éclaircissements utiles pour comprendre ce philosophe.
Il se trouve que la semaine pendant laquelle se déroulait l'émission sur Rosset, la tragédie, la guerre à Gaza battait son plein. ( J'étais, à ce sujet, plus attristée que d'habitude par la bêtise, la malveillance et le bavardage puéril de certains intellectuels qui contribuent à faire de ce pays une sorte de désert de la pensée et qui accaparent les antiennes de radio. L'émission sur Clément Rosset m'a fait doublement du bien car je reconnus en lui un penseur honnête ( c'est à dire quelqu'un qui ne laisse pas son intérêt et ambition personnel influencer sa pensée ).
Je suis frappée, au sujet du conflit israélo-palestinien par des vertigineuses différences dans l'appréhension du "réel" . Par exemple, si on lit le livre de l'historien israélien Ilan Pappe, "Le Nettoyage Ethnique de la Palestine", et qu'on en parle avec ses amis pro-israéliens, on est dérouté par notre incroyable inaptitude de s'accorder sur ce qui est "réel", même quand il s'agit, non pas d'objets philosophiques, mais d'une réalité prosaïque et documentée. Dans ces conditions peut- on parler du "réel" comme s'il allait de soi, un peu, si je comprends bien, comme semble faire Clément Rosset ? Le "réel" qui se présente à nous, n'est-t-il pas déjà " abstrait¨ et "entaché" de pensée, parfois inextricablement enrobé de ses "doubles"? Penser, ce n'est-t-il pas aussi de s'interroger sur les "conditions" du réel ?( Voir à ce sujet le beau livre de philosophe politique Michael Oakeshott, "On Human Conduct") La question de Kant,
" qu'est-ce qui rend telle ou telle perception ou expérience possible ? ", est-elle tout à fait illégitime?
Il y a sûrement beaucoup de choses qui m'échappent... En tout cas, je continue de lire M. Rosset avec grand plaisir et je vous remercie une nouvelle fois pour les efforts que vous faites
pour faire connaître ce philosophe.
Ruhdan DOUJON
Quelque chose cloche, c'est certain Mme D.
RépondreSupprimerPour ce philosophe la vraie vie n'est pas ailleurs, nous sommes au monde et je n'est pas un autre mais rien?
RépondreSupprimerPar rapport ou dernier commentaire sur ce site, je voudrais dire ceci.
RépondreSupprimerLe sentiment que "la vrai vie est ailleurs"est un sentiment couramment éprouvé par les êtres humains ici-bas et surtout quand ils sont jeunes. A ce titre il n'est nullement "d'un autre monde" mais bien de celui que nous connaissons et possède sa réalité propre comme n'importe quel sentiment. Il nous vient aussi facilement que "la joie d'exister" et pendant que on l'éprouve on ne cesse évidemment pas pour autant, de vivre! Je ne résiste pas au plaisir de citer Julien Gracq ( grand lecteur de Rimbaud) qui exprime si finement ce sentiment qui fait parti de notre humanité:
" C'est là, dans la révélation d'un divorce scandaleux entre les conditions de vie imposées et les exigences d'un esprit en lequel rien n'a encore consenti à abdiquer ses pouvoirs exorbitants, que s'acquiert le sentiment éperdu que " la vrai vie est ailleurs." ( "Préférences")
Ruhdan Doujon
on est d'accord
RépondreSupprimerJ'ai tout lu de Clément Rosset, à une époque où, étudiant en école d'art, j'avais cette intuition que le "littéral" avait quelque chose de jouissif, je veux dire plus que la métaphore, ou que les figures qui m'apparaissaient alors comme des évasions. J'ai commencé à 23 ans par "Le réel et son double", sur les conseils d'une prof, et puis pris par une fièvre de découverte, et par le sentiment que quelqu'un mettait le doigt sur ce qui me rendait malheureux d'une part, mais heureux d'autre part - j'ai enchaîné. Ce qui me rend malheureux, c'est non pas le réel lui-même, mais mon rapport à lui. Rapport qui me rend cependant heureux d'autres jours. Il ne me fallait pas grand chose pour le comprendre: un jour je vais bien, un jour je vais mal - mais autour de moi la même ville, les mêmes têtes de cons et aussi les mêmes jolies filles. J'ai quitté la France pour un pays qui m'attirait et dont je suis tombé amoureux; bein, finalement, le problème est le même, exactement le même. Un jour ça va, un jour ça va pas (mais alors pas du tout, du tout) et autour de moi rien ne change. Et c'est pas spécialement les jours où je vais mal que je me sens le plus lucide. Le truc il me semble c'est que Clément Rosset essaie de trouver en quoi consistent exactement ces "pouvoirs exorbitants de l'esprit" dans leur rapport au réel, qu'il définit justement de la façon la plus simple qu'il soit, soit "ce qui est", je pense pour pouvoir mettre en contraste le bordel que sont ces dits pouvoirs exorbitants (qui seraient des pouvoirs si encore ils pouvaient avoir quelque influence sur le réel). Un peu comme le littéral s'opposait pour moi aux nombreuses figures de styles de l'évasion. Mais on en fait partie, du réel, on a aucune vue sur lui, et c'est la que l'esprit à un rude combat à mener, embourbé, comme aplati là-dedans. Je crois que ce qu'essayait de dire Anonyme c'est que la prise de conscience aiguë de ce combat impose le silence, devant son ampleur, sinon son impossibilité. Un silence de vaincu, un peu. Mais Anonyme se lâchant un peu y préférait l'ellipse incompréhensible (le langage schyzo?), signe je crois de cet embourbement (?) panique dans le réel - confondu chez celui qui écrit par au contraire une pure vision du réel. J'aime assez, pour parler du langage, ce que Barthes dit du Haiku dans "L'empire des signes": qu'en gros un haiku a pour tache, ou effet, je sais plus pardon, de calmer la logorrhée ininterrompue de l'âme - de la réconcilier avec le réel?
RépondreSupprimerComment arriver à ne pas vouloir m'échapper de "Je tartine mon chocolat chaque matin parce que mon estomac me le demande, alors que je vais mourir?" (c'est surtout ça je crois qui m'emmerde, les jours noirs, c'est que je doive faire ça alors que je sais pertinemment ou ça va me mener, confère mes premiers cheveux blancs apparus en fin d'année dernière, et je tartine, et je tartine). Et c'est là peut-être que l'esprit a une rigueur, une vraie, à se trouver, une honnêteté aussi, justement pour sortir plus fort et digne de ce bourbier (et pas pour tacher de sortir du réel). Ce n'est pas pour rien que Rosset préfère, il me semble, les livres de Nietzsche à ceux de Cioran, qu'il trouve, je crois, "gnangnan". Il considère l'homme heureux plus fort que l'homme de Cioran, son degré supérieur; mais ça se travaille, ça se travaille dur, et c'est sans doute pour cette raison qu'il écrit - comme Nietzsche sans doute.
Je me trompe peut-être mais je ne crois pas qu'un enfant de pauvre à qui on refuse souvent les jouets qu'il veut soit plus malheureux qu'un enfant de riche qui n'a qu'à demander pour avoir. L'esprit c'est un peu un enfant de pauvre, non?
Ce qui me plaît dans la philosophie de Clément Rosset, c'est cette envie que j'ai de lui opposer tout un tas d'exemples, comme mon cousin, touché par une maladie qui l'empêche de bander à 25 ans, alors que c'était un sacré queutard (donc un sacré joyeux) et qui fait qu'il ne sait pas quand il mourra - peut-être bientôt, peut-être non - exemples qui me font dire, à moi aussi malgré mon admiration pour ses livres, que la joie de Rosset est celle des bien-portants. Mais à ces exemples toujours des contre-exemples arrivent - mon cousin a (parfois) des moments de pure joie, qu'il me dit en tout cas.
"là que l'esprit a"
RépondreSupprimer"où ça va me mener"
A propos du silence, qu'il y ait des choses qui ne puissent plus se dire une fois qu'on a VU, qu'on se sente incité à la boucler plutôt que de profaner des conneries, qu'on ne puisse plus parler ou écrire certains trucs, d'accord. C'est ce que je me dis quand je lis certains livres, certains blogs, certains articles de journaux, encore un(e) qui ne voit pas bien, s'il (elle) arrive à écrire ça. Mais d'un autre côté, qu'il y ait des pratiques d'écriture (comme le haiku, vu par Barthes en tout cas), qui aident à retrouver une autre forme de lucidité après qu'on a compris dans quelle merde on est, ça oui. Et les livres de Clément Rosset font partie à mes yeux de ces pratiques-là.
RépondreSupprimerque tu tartines ta biscotte de chocolat ou que rosset tartine des pages blanches elle est où la différence vous en croquez tous un bout, faut boucher les trous qui se débouchent sitot après et faut colmater de nouveau et c'est reparti ça dure depuis des millénaires et apparemment ça marche pas mal la tuyauterie
RépondreSupprimerhé bé dis dont, vous m'en direz tant. et après on saute ?
RépondreSupprimerBonjour ! Incursion passagère ! Je suis en train de découvrir Clément Rosset... ... et c'est vraiment passionnant.
RépondreSupprimerVotre site est bien fait, intéressant, et celui qui ne s'y considère que comme un "pauvre commentateur" me semble pourtant à la lecture extrêmement fin et puissant ! CR=ND !? Même retenue, même modestie, mêmes silences, même puissance de penser... Des élèves "Normale", quoi !
J'ai une question à vous poser : dans une perspective rossetienne, comment envisageriez-vous la "visagéité", je ne parle pas vraiment du visage du réel, que l'on sait non dupliqué et non dupliquable, mais du visage humain : quel visage serait celui de l'homme tragique, quelle visagéité serait celle du praticien du silence, de l'ironie et même du rire ? Quel visage de la joie tragique ? J'espère ne pas avoir été trop confus, ni trop long.
Merci !
PS : au fait, à ce jour, CR s'est-il interessé de près à Shakespeare, à-t-il commis quelque ouvrage sur ce penseur tragique ?
PS': Pourquoi autant de silence autour de Clément Rosset ? cet homme est un nouveau pilier de la philosophie ! Comment peut-elle ne pas encore le savoir ? Comment a-t-on pu mettre une mauvaise note en khâgne à ce génie en train d'écrire son premier - et fondamental - essai sur le tragique ?