"Qu'est-ce qu'un fantôme, sinon une ombre émancipée de son corps, celui-ci n'existant plus?" (IF, 36)
"Il y a dans la langue espagnole, pour rendre l'idée de proximité, d' "environs" - d'une ville, d'un site quelconque - une expression courante qui exprime mieux que le français l'étroitesse du lien qui attache la réalité à ses doubles de proximité : les immediaciones (...) Ces doubles de proximité*, ne sont pas des doubles proches de la réalité; ils sont inhérents à elle, en sont sans doute des parties externes, mais aussi des parties prenantes." (IF, 10) *Ombre, reflet, écho.
Des jeux de lumière. La lumière joue et on joue avec elle. Les figures de lumière sont multiples chez Rosset. Elles sont discrètes, on les remarque peu, on en fait peu de cas. Et pourtant, leur présence induit un effet réel dans le discours de Rosset. On a trop peu parlé des lumières de Nietzsche. Apollon, dieu de Lumière, Le voyageur et son ombre, Aurore, Crépuscule, Midi, le Désert et les Brumes, l'Idéal (vision) et le théâtre tragique, Par-delà les ombres de Dieu, En-deçà de nos reluisantes valeurs, dans l’obscurité généalogique de nos conditions d’existence. Nous vivons sans reflet, sans miroir dans lequel rire de nos masques et de nos doubles. Nous vivons à plat et sans lumière ni obscurité. Nietzsche joue avec les lumières et les ombres. On a trop peu joué avec lui. Rosset. Ombre, reflet, fontaine et caverne ; photographie, cinéma, fantômes ; lucidité et doubles ; illusion et transparence ; Œdipe l’aveugle s’arrachant les yeux de trop voir : l’œil de trop, toujours de trop. Et le soleil du réel, la clarté de Mozart, l’éclat serein et feutré de Vermeer, le chatoiement de Ravel. On a trop peu perdu son regard dans ces images de réel qui loin de le doubler l’épaississent comme réel. Lumineux, lucide, brillant, clair, bigarré, voici comment se présente un livre de Rosset. Mais prenons garde à ce jeu de lumière. Narcisse à la fontaine s’y est perdu. Son image, c’est lui-même, et non celle qu’il aimait tant dans le reflet de l’eau. Et le voyageur "ne voit ni les ombres... ni surtout sa propre ombre, c'est-à-dire la part d'inconnu et d'inconscient qui guide à son insu son regard et son appréciation de la réalité." Certes, Rosset n’a pas écrit sa Dioptrique. Chez lui, on ne prévoit ni les reflets, ni les diffractions. La lumière est un concept diffus dans son œuvre, tout à fait opératoire, mais ni distinct, ni articulé, il est ami et ennemi du réel et joue seul. Un concept-diffus – il y a là, me semble-t-il, un champ d’exploration. Un champ ambigu, étincelant et sombre, lieu des illusions, des non-lieux, lieu de l'éclat, aveuglant, terrible et aimable, du réel. Un clair-obscur révélateur.
Mon préféré est le troisième tableau. De qui est-il?
RépondreSupprimerRomeo and Juliet de Sir Frank Dicksee - que je ne connaissais pas avant ce matin, j'avoue.
RépondreSupprimerMerci beaucoup!
RépondreSupprimerObjectivement, ce n'est pas le meilleur tableau, ni le plus fameux, mais je le trouve touchant, d'autant plus maintenant que j'apprends son titre!
Magnifique !
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