Je fais ici preuve d'une certaine mauvaise foi et exagère à dessein une pensée qui m'est venue malgré moi.
La faculté d'accepter le réel est, en fait, la plus répandue et inamovible qui soit. Je ne crains pas ici, par provocation mais aussi par honnêteté, de contredire la formule célèbre du Réel et son double : "Rien de plus fragile que la faculté humaine d'admettre la réalité, d'accepter sans réserves l'impérieuse prérogative du réel." Disons plutôt que je ne la contredis pas mais en expose le corrélat paradoxal et implicite. C'est là tout le problème de la souffrance. Car que des individus souffrent signifie qu'ils souffrent de quelque chose - et de quelque chose qui fait souffrir. J'écarte de suite deux objections : celle de la douleur du manque, du désir en quête perpétuelle d'un réel qui manque à sa place - une douleur précisément de rien, qui n'est pas ici mon propos ; et celle, plus superficielle, de l'(anti-)essentialisme : "quelque chose qui fait souffrir en soi, ça n'existe pas". Bien évidemment, mais cela ne retire rien à la souffrance effective qui agit en l'individu souffrant. Qu'il y ait distinction, avec Locke, entre "qualités premières" et "secondes", et que la saveur, la couleur, l'odeur, etc. ne soient que des impressions générées par une relation et non des propriétés inhérentes aux choses, ne signifie pas qu'il n'y ait pas d'impression de rouge, de sucré, etc. De même, que le réel ne soit pas en lui-même générateur de souffrance n'empêche nullement que, tous les jours et sous tous les cieux, les hommes les plus ordinaires comme les plus sages, souffrent effectivement. La souffrance n'est donc que la soumission immédiate et inconditionnée (au même titre que l'approbation) à l'idiotie du réel. La tragédie du bombardé, de la femme violée, du sommeil sous la pluie, est justement de n'offrir aucune issue. Le bombardé est bombardé et ne peut pas même penser qu'il ne l'est pas. A charge à chacun de préférer la joie à la souffrance, l'approbation au constat malheureux, mais dans tous les cas nul ne nie que ce qui arrive arrive. Je soutiens donc que rares sont parmi les hommes les émules d'Oedipe quand il s'agit d'avoir mal. J'irai même jusqu'à dire que la joie tragique, elle aussi, duplique le réel : à l'événement singulier, injustifiable qui fait mal, le tragique ajoute un OUI que ledit événement ne saurait contenir, indifférent qu'il est à nos postures, à nos éthiques, à nos desiderata. Mais, me direz-vous, de NON non plus il ne contient en soi. Mais allez expliquer au bombardé, au condamné, à l'orphelin qu'il n'y a ni peine ni joie dans ce qui arrive et qu'il ne relève que de notre force et de notre raison d'être heureux ou malheureux... Allez faire entendre Epictète à tous les damnés. Alors oui, le réel est idiot, et oui, la peine autant que la joie sont des doubles immanents de l'événement, oui, il y a bien disjonction entre le réel et la pensée qu'il induit.
Oui, le rossétisme est par principe réfutable et doit même être réfuté. Ce sont les philosophes et non les malheureux qui, en général, dupliquent la réalité, c'est le Roi Oedipe et non l'esclave, ce sont les prêtres et non les paysans. Mais :
1) C'est bien cette réfutation qui renforce, a priori et ad infinitum, en un cercle vicieux délicieux, le rossétisme: puisque la non-duplication du réel par la plupart des hommes, aussi fragile soit-elle, quoi qu'y soit substitué un sens, une justification, va justement, légitimement, dans le sens d'une non-duplicabilité du réel (prouvée empiriquement d'une part; d'autre part, par l'irraison des doubles, dont le non sens est de ne pas reconnaître l'irraison du réel).
2) La surreprésentation des duplicateurs dans l'oeuvre de Rosset (mythes, contes, philosophes, littérature, cinéma) honore a contrario le privilège de tout un chacun de ne pas figurer dans ce panthéon des rares illusionnés et illusionnistes. Mais que l'on ne s'y méprenne pas : l'approbation est une science encore plus rare que l'art prestidigitateur. De la reconnaissance du réel à la joie le parcours est long et pénible. L'aristocratie tragique se nourrit des mêmes souffrances que la plèbe, mais elle n'a pas le même estomac. Faute de doubles, les hommes justifient tout de même le réel - sans l'éluder. Or l'affirmateur connaît à la fois le malheur et le bonheur (cf. "Notes sur Nietzsche", in Force majeure), par la force (majeure) de la joie, il parvient au pire comme au meilleur sans justification. La souffrance est a priori injustifiable et incontestable. Ni la guerre ni la paix ne justifient les bombes. Mais ni la guerre ni la paix ne sont en droit de m'interdire la joie.
A tout prendre, je préfère la joie, parce qu'il est certain qu'un jour, quelque part, sans raison, j'aurai, moi aussi, à endurer l'immense souffrance et que celle-ci ne contredira en rien le fait qu'il eût été possible, face au drame, d'être joyeux - si j'avais eu plus de forces, de puissance. Et je m'efforcerai de persévérer dans cette voie, chanceux que je suis d'avoir la puissance de jubiler et conscient que je suis que l'innommable et l'insoutenable sont, de fait et a priori, impliqués par le rossétisme et non proscrits par lui. C'est cette LOGIQUE DU PIRE qui me condamne, bon gré mal gré, mais plutôt bon gré, à n'accorder à la grisaille, aux larmes et aux cris que la grâce d'un sourire.
Très bel article pour ma part!
RépondreSupprimerJe ne suis pas d'acord avec l'idée que les hommes ne tendent pas à dupliquer le réel. Je pense même que la tendance générale est de dupliquer le réel et que la philosophie de Rosset présente l'insigne avantage de nous rappeler que là où nous voyons souvent deux il n'y a qu'un!
Quant à la joie, il me semble que son caractère de folie chez Rosset est important à rappeler. Michelet ressent une joie intense sur le front en plein hiver. Je puis être heureux malgré des souffrances objectives et les périls incessants qui nous entourent. C'est en regardant les choses en face que notre pouvoir de les surmonter s'accroît un tant soit peu.
Ce que je veux dire implicitement (mais pas secondairement) : la joie n'est pas un oui humain transposé sur le réel impavide. C'est un savoir au-dessus des mots sur le réel - un peu comme la musique, ce dont j'eus l'éclatante confirmation hier encore en ayant le privilège d'entendre les Noces de Figaro à l'Opéra de Nancy.
La tendance à la duplication est tout à fait répandue, je ne le nie pas; je voulais juste suggérer que la tendance à ne pas éluder le réel est elle aussi majoritaire. Il n'est pas contradictoire qu'un même individu puisse en appeler aux doubles et en d'autres circonstances n'en avoir pas même la force. Par ailleurs, le passage au double s'opère à partir d'un trop-plein de savoir, parce que l'on a "un oeil en trop" comme le rappelle Rosset. Le malheur d'Oedipe n'est pas d'être aveugle au réel mais justement de ne le voir que trop bien. C'est ensuite que l'on passe de l'oeil en trop aux yeux crevés. Ce qui implique que chacun est en mesure de voir le réel, ce que, je le maintiens, beaucoup font. Le désir de double n'induit pas nécessairement la croyance en celui-ci et c'est cela que j'appelle le problème de la souffrance: être blessé au point de ne pouvoir se dédoubler. Si j'opposais le ROI Oedipe à l'esclave, au paysan, c'était à dessein. Je renvoie - à nouveau par provocation mais aussi par honnêteté - au bel article de Michel Foucault intitulé "Vérité et formes juridiques" dans Dits et écrits, où il se penche sur le cas d'Oedipe, roi destitué par sa propre enquête et sa propre découverte. L'analyse de Foucault est fort éloignée de celle de Rosset - que je vais plus volontiers mienne - mais elle éclaire la non-universalité d'Oedipe. Oedipe est un type. Tout le monde n'est pas doué de la faculté anti-perceptive, qui requiert une force particulière à rapprocher de ce que Nietzsche appelle le "nihilisme actif", notamment des castes intellectuellement supérieures. Ainsi, le tragique me paraît bien plus commun que ce qu'on croit, mais à un stade infra-conscient, encore rattachable à la résignation. Mais ce tragique vulgaire n'en est pas moins respectable et peut conduire à un tragique arictocratique. C'est alors qu'il faudrait introduire la joie comme folie nécessaire dans les cas de force majeure, c'est-à-dire dans tous les cas. L'homme joyeux voit donc, en effet, simple , là où d'autres s'obstinent à voir double. La joie n'est donc pas un double mais un opérateur de disjonction exclusive au sein même du réel. Mais le choix qui s'effectue entre joie et tristesse est un choix fou, nécessairement fou et irraisonné. Le mérite de Rosset n'est pas tant de nous montrer que trop nombreux sont ceux qui voient double, mais que tout le mond evoit double, justement parce que tout le monde voit d'abord simple. C'est l'inacceptabilité de ce simple qui conduit au double. Mon argument était que certaines souffrances ne crèvent pas les yeux mais les paralysent, de sorte qu'ils ne puissent se détacher de l'horreur qui leur fait face. Ma réfutation se voulait être en marge et ne doit donc pas vous inquiéter quant à ma fidélité à Rosset. Elle vise indirectement à contrer l'auto-réfutation qui consiterait, au nom de l'idiotie du réel, à nier que le réel puisse ne pas être falsifié. Il est tragique que, malgré eux, des hommes tragiques existent aussi.
RépondreSupprimerLa référence a l'oeil en trop vient de Maupassant je crois et se situe dans le Régime des passions. Il est vrai que Maupassant, atteint de folie, est un bel exempel de double. Cependant, de mémoire, il me semble que Rosset l'utilise plutôt pour louer la lucidité des écrivains (du moins de ceux de qualité). Mais être tragique, n'est-ce pas aussi el seul moyen de parvenir à la joie?
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit, je trouve votre entreprise de critique très salutaire. De la même manière que le vrai test est d'aimer aussi ceux que l'on réprouve (oui, c'est promis, je fais un effort pour Deleuze!), de la même manière la saine lecture des philosophes veut que l'on critique ceux qui vous sont chers. Sans quoi on sombre dans l'hagiographie. Il est évident que Rosset n'a pas LA vérité, mais il est presque miraculeux qu'un contemporain de cette dimension nous permette de penser!
P. S. : si vous avez le temps, j'ai commencé un blog d'humeur : autourdureel.blogspot.com. Soyez indulgent!
il a parlé de l'oeil en trop dans une des émissions A Voix nue au printemps dernier sur France Culture. Dans le sens que j'indiquais. Il y a bien un type d'illusion qui a son principe dans un excès de lucidité, une lucidité auto-destructrice en quelque sorte.
RépondreSupprimerLucidité autodestructrice?
RépondreSupprimerPeut-être... Mais ce serait accorder un trop grand prix à la raison que de se croire lucide. A ce titre, la lucidité commande sans doute de se montrer sceptique et d'aimer la vie comme Montaigne dans ses derniers témoiganges : "Pour moi, donc, j'aime la vie".
Bonne année et bonne santé 2007 à vous et à l'Atelier!
RépondreSupprimerUne petite réponse sur mon blog !
RépondreSupprimerA bientôt (à quand un article sur Rosset?).
Réponse depuis mon comptoir
Cher Nicolas,
J'écris ma brève depuis mon comptoir désert. Il fait sombre et voilà bien longtemps que les clients ont déserté le Café du Coeur. Moi, je l'aurais bien appelé le Quartier Latin en hommage au Bénin, mais c'est votre choix et je le respecte.
Je ne vous connais pas, mais je vous aime bien. Pour une raison précise : vous êtes à l'instigation de l'Atelier Clément Rosset. J'aurais pu commencer par préciser que si mon blog d'humeur existe, c'est grâce à l'Atelier, mais j'ignore au juste s'il s'agit d'un compliment. D'ordinaire, les Normaliens de la rue d'Ulm sont d'excellents élèves qui fondent sur leur intelligence et leurs savoirs hors pair l'élite des commentateurs de demain. Parfois, un Bergson sort du lot, mais ce n'est pas la règle. Céline ou Proust ne sont pas des Normaliens. Justement, si vous apprteniez à cette caste prestigieuse (j'allais écrire case), vous n'auriez pas manqué de vous lancer dans la défense d'un aîné subversif comme le furent Deleuze ou Derrida. Soit un penseur du sérail coopté par le sérail pour mieux faire diversion.
Au contraire, vous vous êtes risqué à parler du seul esprit sérieux de l'époque (avec Girard), c'est-à-dire d'un être possédant l'originalité suffisante pour ne pas appartenir au système de pensée dominant. En l'occurrence, Rosset ne fut ni d'extrême-gauche, ni heideggérien, ni marxiste. Rédhibitoire quand on est né en 1940 ou peu s'en faut!
Mais je ne vous écrivais pas pour parler de Rosset. Vous le feriez mieux que moi. Hier, j'avais trop bu (je veux dire : trop écrit) et je me suis laissé aller à des propos confus sur l'amour et l'amitié. Manifestement, vous avez compris que j'opposais l'amour à l'amitié avec manichéisme - l'amitié ne valant rien et l'amour tout. C'est un tout petit peu différent : je pense que l'amour est le meilleur conducteur en réel et que l'amitié lui est très inférieure sur ce plan. Je ne dis pas que l'amour soit parfait, loin s'en faut. J'avais juste une question en réserve : pourquoi les chagrins d'amour provoquent-ils de telles déchirures, alors que les différends d'amis n'engendrent au pire que des déceptions?
Vous avez affirmé que l'amour d'une femme et l'amour du réel différaient en ce que l'amour du Tout et l'amour d'un être singulier ne pouvaient concorder. En lisant Schopenhauer, puis Rosset sur Schopenhauer, j'ai été très frappé par la conception schopenhauerienne de l'amour. Les gens considèrent l'amour comme la chose la plus privée alors qu'il s'agit en réalité de la plus impersonnelle (corrigez-moi si je me trompe).
Le sentiment amoureux qui s'empare de l'individu est un leurre en ce qu'il dépasse de très loin les amants. L'amour n'appartient pas plus à l'amoureux que sa vie, en fait. C'est curieux, mais cette conception, qui est considérée comme noire et désespérée, recèle pour moi la joie et la légèreté. C'est ce que j'aurais aimé ajouter en pastichant Schopenhauer à ma sauce : nous prenons la vie pour notre bien le plus privé alors qu'il est de loin l'absolu le plus étranger à notre personne. Peut-être est-ce la raison pour laquelle l'amoureux bafoué éprouve une affliction parfois irrémédiable : si ce n'était qu'à lui qu'on s'était attaqué en le privant de son incarnation amoureuse ! En réalité, en perdant l'amour, il a perdu son précieux lien avec le réel tel qu'il ne le voit pas, ni ne le sent. Il lui restera l'art, mais l'art n'est-il pas une forme mineure, quoique un puissant remontant, de l'amour?
Vous voyez que je n'ai rien contre l'amitié. Lui reprocher sa pauvreté en réel serait injustice : autant fustiger la chaleur du feu ou la charpente prononcée d'un Bourgogne. D'ailleurs, il me faut vous laisser : une bière d'abbaye m'attend au frais. J'ajoute un dernier détail cependant. Désormais, ma bière, c'est mon clavier. Lui aussi constitue un puissant translucide.
Avec mes amitiés sincères,
Koffi de Cadjehoun.
Je viens de terminer "Le réel et son double " et de m'attaquer à "La logique du pire". Un réel "tragique" s'autodétruit, en ceci qu'il est effectivement irréfutable et génère automatiquement son propre double. Lorsque tout me hurle que quelque chose doit avoir un sens et que je suis dans l'obligation de constater qu'il n'en est rien, je constitue en moi ce fameux double.
RépondreSupprimerVous parlant, je viens de fabriquer un triple "bavard", etc, à l'infini.
Ca revient un peu à scinder le mouvement en une suite de pauses artificielles...., tronçonner la durée en une suite d'instants et me contenter d'une caverne avec vue sur un soleil qui a la taille d'une orange et qui en est donc une.
Avec Rosset on serait resté dans la caverne et le bombardé, dans l'indifférenc(e)iation générale. C'est con à dire, je ne le sais que trop, mais que dire d'autre ? Qu'on ne sait rien, mais qu'on sait un peu et finalement que Bachelard ne se plante pas trop...
Réfuter Rosset pout mieux lui donner raison, c'est un peu faire du sur-place... et pourtant, Dieu sait si sa pensée est juste et si elle décrit notre nature (qui n'en est pas une) avec exactitude !
Ajout.
RépondreSupprimer... en quoi le réel, tragique ou pas, est-il jubilatoire ?
Concernant la jubilation, je vous renvoie à LA FORCE MAJEURE. Plus généralement, je vous invite à lire le dernier texte que je viens d'écrire, "Le cours des choses". J'avoue ne pas très bien voir où vous voulez en venir. Néanmoins il importe bien de comprendre qu'un certain savoir est possible (cf. L'OBJET SINGULIER sur l'allégresse) et que les doubles, précisément, n'existent pas. Ce qui existe, c'est la tendance, bien réelle, à les penser, et qui ne contredit en rien la thèse de Rosset. Un réel tragique ne s'autodétruit pas. Les "doubles", les "triples", etc. que vous évoquez ne sont pas générés comme tels par le réel. Ce ne sont pas des choses. Ils sont le produit d'une vision. Ils sont vus sans être offerts à aucune vision. C'est là le paradoxe structurel de l'illusion.
RépondreSupprimerLes sources de la joie sont multiples: sentiment simple et immédiat de l'existence en général, approbation tragique active, disposition de caractère, conséquence de la reconnaissance que le monde ne manque de rien (pas de nostalgie d'un autre dont il manquerait donc satisfaction pleine de sa seule existence).
Bonjour monsieur Delon,
RépondreSupprimerje n'ai pas lu "La force majeure" pour l'instant.
Je maintiens néanmoins qu'un réel tragique s'autodétruit puisque non seulement sa contemplation est impossible mais qu'ensuite il ne sert à rien. Il est. Par la force des choses. Les doubles sont le produit d'une vision, dîtes-vous, et sont vus sans être vus... là, reconnaissez que c'est à n'y rien comprendre. Mais admettons.
"Le paradoxe structurel de l'illusion" résonne curieusement comme la notion hindouiste (védantiste, je ne sais plus, il faudrait que je relise...) de maya. De la même manière le réel inconnaissable ressemble comme deux gouttes d'eau au "Dieu inconnaissable", qui peut à la rigueur en termes hindouistes se décrire par la négative : neti, neti : Dieu n'est pas ceci, Dieu n'est pas cela. Or cette fameuse maya (illusion) est produite, comme vous le dites par le sujet seul qui n'a d'autre solution que de la produire et dont c'est même la fonction et le moteur, le véhicule et le carburant. On pourrait pousser le bouchon jusqu'à dire que le sujet EST l'illusion et que sans celle-là il ne peut même pas devenir Clément Rosset ! (histoire de situer le casse-tête nietzschéen...) pas plus qu'il ne peut exister, vivre, penser, enfin, être homme là ou ailleurs, se dupliquer pathologiquement (car Freud abondamment cité par Clément Rosset a surtout étudié des cas pathologiques et en petit nombre en plus), ou pas, se penser, ou tenter de le faire sans y parvenir, etc.
Et arrivé à ce point de réflexion se rendre compte que tout cela est pire qu'invivable et tout simplement impossible, à moins de trouver, par un tour de passe-passe conceptuel, une échappatoire au piège qu'on vient de se tendre savamment, patiemment et fort lucidement. Ce concept c'est donc le "hasard" qu'on s'applique ensuite à définir les contours tout aussi patiemment...
Pour en revenir à la jubilation : face au réel de la mort d'un proche c'est à dire d'un sujet autre et semblable à soi, il est bien rare qu'on se réjouisse sans frein... ou du moins qu'une quelconque jubilation s'élève incontrolée dans un monde qui tout-à-coup manque de tout (ou d'illusion, si vous préférez) jusqu'à faire naître en notre conscience le désir de n'être plus rien, le désir d'anéantissement, le suicide où le réel et le double se rejoignent.
Et si ça n'était qu'un fait humain, encore pourrait-on faire monter à la parole cette pensée tragique (et qui ne manque de rien !!! !) qui s'exprime ainsi sous forme de douleur... mais il semble que nous ne soyons pas les seuls à ressentir cela : il arrive qu'un chien ait des émotions... de là à en conclure qu'il génère son propre double... qu'il se vit ou s'expérimente suivant le mouvement dialectique d'une idéologie régulatrice (mais c'est à vérifier car on a vu des cas de suicides animaux). La joie nécessite par ailleurs sinon une grande intelligence, ce qui n'est pas le cas de tous, du moins une temps d'arrêt plus ou moins long. Le temps de la contemplation...
En bref, les réflexions de Cément Rosset me font penser à cette flèche qui n'atteint jamais sa cible, ou encore à notre impossibilité à concevoir un univers réellement courbe...
Je crains donc que la philosophie de Clément Rosset pour irréfutable qu'elle soit, ne conduise à rien : la flèche atteint son but de toutes façons.
Bonjour monsieur Delon,
RépondreSupprimerje n'ai pas lu "La force majeure" pour l'instant.
Je maintiens néanmoins qu'un réel tragique s'autodétruit puisque non seulement sa contemplation est impossible mais qu'ensuite il ne sert à rien. Il est. Par la force des choses. Les doubles sont le produit d'une vision, dîtes-vous, et sont vus sans être vus... là, reconnaissez que c'est à n'y rien comprendre. Mais admettons.
"Le paradoxe structurel de l'illusion" résonne curieusement comme la notion hindouiste (védantiste, je ne sais plus, il faudrait que je relise...) de maya. De la même manière le réel inconnaissable ressemble comme deux gouttes d'eau au "Dieu inconnaissable", qui peut à la rigueur en termes hindouistes se décrire par la négative : neti, neti : Dieu n'est pas ceci, Dieu n'est pas cela. Or cette fameuse maya (illusion) est produite, comme vous le dites par le sujet seul qui n'a d'autre solution que de la produire et dont c'est même la fonction et le moteur, le véhicule et le carburant. On pourrait pousser le bouchon jusqu'à dire que le sujet EST l'illusion et que sans celle-là il ne peut même pas devenir Clément Rosset ! (histoire de situer le casse-tête nietzschéen...) pas plus qu'il ne peut exister, vivre, penser, enfin, être homme là ou ailleurs, se dupliquer pathologiquement (car Freud abondamment cité par Clément Rosset a surtout étudié des cas pathologiques et en petit nombre en plus), ou pas, se penser, ou tenter de le faire sans y parvenir, etc.
Et arrivé à ce point de réflexion se rendre compte que tout cela est pire qu'invivable et tout simplement impossible, à moins de trouver, par un tour de passe-passe conceptuel, une échappatoire au piège qu'on vient de se tendre savamment, patiemment et fort lucidement. Ce concept c'est donc le "hasard" dont 'on s'applique ensuite à définir les contours tout aussi patiemment...
Pour en revenir à la jubilation : face au réel de la mort d'un proche c'est à dire d'un sujet autre et semblable à soi, il est bien rare qu'on se réjouisse sans frein... ou du moins qu'une quelconque jubilation s'élève incontrolée dans un monde qui tout-à-coup manque de tout (ou d'illusion, si vous préférez) jusqu'à faire naître en notre conscience le désir de n'être plus rien, le désir d'anéantissement, le suicide où le réel et le double se rejoignent.
Et si ça n'était qu'un fait humain, encore pourrait-on faire monter à la parole cette pensée tragique (et qui ne manque de rien !!! !) qui s'exprime ainsi sous forme de douleur... mais il semble que nous ne soyons pas les seuls à ressentir cela : il arrive qu'un chien ait des émotions... de là à en conclure qu'il génère son propre double... qu'il se vit ou s'expérimente suivant le mouvement dialectique d'une idéologie régulatrice (mais c'est à vérifier car on a vu des cas de suicides animaux). La joie nécessite par ailleurs sinon une grande intelligence, ce qui n'est pas le cas de tous, du moins une temps d'arrêt plus ou moins long. Le temps de la contemplation...
En bref, les réflexions de Cément Rosset me font penser à cette flèche qui n'atteint jamais sa cible, ou encore à notre impossibilité à concevoir un univers réellement courbe...
Je crains donc que la philosophie de Clément Rosset pour irréfutable qu'elle soit, ne conduise à rien : la flèche atteint son but de toutes façons.
Une remarque à propos du "Cours des choses".
RépondreSupprimerVous citez Clément Rosset : « Sois ami du présent qui passe : le futur et le passé te seront donnés par surcroît[4]. » et ajoutez : "Je ne me lasse pas de cette élégante et profonde, pour ne pas dire mystérieuse maxime".
Permettez encore que je vous donne l'origine, si vous ne la conaissez pas, de cette "élégante et profonde maxime" dans son contexte.
Clément Rosset ici pastiche Saint Mathieu, à la façon d'un Zarathoustra, lorsqu'il rapporte dans son évangile une parole de Jésus-Christ : "Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît", pointant ainsi du doigt l'illusion à rechercher les biens matériels...
Excusez le charabia. Publier un cmmentaire n'est pas aisé chez blogspot !
RépondreSupprimerUne chose encore ;-)
RépondreSupprimer"Néanmoins il importe bien de comprendre qu'un certain savoir est possible..."
Un certain savoir... ??! Mais il n'y a que ça ! D'un homo sapiens dont on ne parvient pas à savoir où, quand, comment ni pourquoi il a ouvert les yeux et tenté d'interpréter le réel (sa facheuse tendance à se dédoubler...) jusqu'à nos sciences actuelles et jusqu'aux technologies qui en sont issues !
Deux intellectuels assis ayant toute chance d'aller moins loin qu'une brute qui marche, un Clément Rosset ou un Noetzsche des cavernes ne nous aurait pas entrainé bien loin ni bien longtemps !
Et si Rosset cite Tintin, sa lecture m'autorise donc à citer Audiard.
Je suis navré, je ne sais pas trop quoi répondre à tout cela. J'ai du mal à vous suivre. Je vous remercie pour la précision que vous apportez à la maxime de CR. Pour le reste, je repère difficilement vos arguments, vos reproches, votre but. Lorsque je disais que l'illusion est une vision sans rien qui s'offre au regard, je voulais dire que la vision est dupliquée. C'est là que réside le double, dans l'insuffisance, aux yeux de l'illusionné ou en passe en l'être, du réel qu'il constate. Ce constat, bien réel, induit des conséquences paradoxales en ce que la vue a une vision sans objet. C'est en somme une hallucination.
RépondreSupprimerL'illusion n'est pas tant vision d'un double que vision double. On n'y voit pas le double, mais on y voit double. Mais voir double n'implique pas qu'il y ait un double objet visible.
RépondreSupprimer...où je veux en venir... ?
RépondreSupprimer"La fonction de l'illusion est de protéger du réel en le dédoublant. Le réel, qu'on ne peut atteindre, a toujours raison... car en tentant de l'esquiver on ne fait que remettre à plus tard sa réapparition..."
Tout ça ne vous parait pas curieux, sinon contradictoire ?
Au final, si la philosophie de Nietzsche ressemble à une boite à clous plus qu'à un clou dans la chaussure de la pensée, celle de Clément Rosset ressemble furieusement à une blague de potache : un joli pavé conceptuel dans une belle mare aux philosophes...
RépondreSupprimerExcusez cette irrévérence protectrice... ;-)
PS : quelle est la différence entre un croyant jovial (et idiot) et un athée jovial tout court ? Dans la mesure bien sûr où le premier se trompe.
Pour ma part, bien que mes termes ne s'inscrivent guère dans la tradition académique, je n'en vois pas.
C'est peut-être là où je voulais en venir. Car dyonisaque ou pas, monothéiste ou pas, le résultat est toujours le même, non ?
Cordiales salutations
... pour conclure cette intervention : je me demande pourquoi Clément Rosset après avoir parlé de philosophie terroriste, développe dans "La logique du pire " la notion d'"épouvante" et pourquoi il n'a pas tout simplement parlé de "terreur" ? Mais c'est un point de détail.
RépondreSupprimerCela dit je cherchais depuis quelques décennies un philosophe qui décrive en long, en large et en travers ce que je ressentais depuis une cinquantaine d'années et je pense donc l'avoir trouvé, touché en plein coeur par l'épouvante qu'il décrit et qui m'accompagne, telle quelle (au point où cela devient réellement troublant) et que j'ai enfin décidé de regarder en face depuis l'an passé. De la même manière je me sentais confusément attiré par le fameux "pari" de Pascal, en ce sens où il n'y a guère d'autre alternative, en l'absence de toute possibilité de connaissance "assurée" (cartésienne, kantienne, hégelienne, marxiste, ou religieuse au sens large et commun que nous connaissons de révélation, qu'elle nous vienne de'ici ou de là), que de parier, en pleine conscienece et en plein paradoxe : sur Dieu, sur la Liberté ou sur une quelconque vision du monde englobante, rassurante, fédératrice mais incontournable. Il est vrai que je ne m'embarasse plus des termes philosophiques qui situeraient dans la précision qu'ils apportent, mon discours dans une lignée académique, et que les trous conceptuels qui en résultent m'importent peu. L'histoire humaine, c'est-à-dire la mienne, la seule, ne dure tout au plus que quelques décennies....
Face à l'épouvante qui se dégage de la "vision" du réel, j'ai tendance à évacuer la possibilité même d'une quelconque "tragédie", d'une quelconque narration ! Poussée dans ses ultimes retranchements cette vision ne laisse aucune possibilité d'aucune sorte. Or, Clément Rosset semble avancer qu'elle constitue le socle (inconscient) de notre condition. C'est à ce point précis de désincarnation que je ne parviens plus à le suivre...
Je vous remercie, monsieur Delon, de m'avoir accueilli sur ces pages.
Bien cordialement
PS : j'ai bien compris ce que vous m'expliquez sur la vision double...
RépondreSupprimerLe ressort fondamental de l'illusion est une nostalgie du sens. Que les événements soient mais qu'en outre ils n'aient pas de sens, qu'ils ne soient là pour rien en somme, c'est là ce qui est dur à avaler. Le monde, comme dit Nietzsche, n'est pas là pour nous faire plaisir. Il n'est pas non plus là pour être compris. L'idiotie du réel se confond avec son insignifiance. Or pour échapper à celle-ci, pour penser le réel, des doubles apparaissent nécessaires (sens, raison, transcendance...). Raison pour laquelle le seul savoir certain est que je ne peux conférer de sens à l'objet de mon savoir. Le réel n'est pensable que par duplication. Le penser, c'est en même temps le laisser filer. La philosophie de Rosset est aussi inacceptable que le réel. Je ne l'ai jamais caché. C'est en ce sens qu'elle est selon moi bien plus sombre qu'il n'y paraît. Je me rends compte que je n'ai pas assez insisté là-dessus dans le cours des choses. La tragédie du réel a deux aspects. C'est parce que le réel n'a pas de sens qu'il est inacceptable qu'il ne soit rien d'autre que ce qu'il est. En somme, tout ailleurs est soit un autre réel, donc absolument distinct de l'original, soit il est absolument ailleurs, c'est-à-dire nulle part, irréel.
RépondreSupprimer... Il n'empêche que vous êtes bel et bien vivant !
RépondreSupprimerEt c'est pour cela que je me demandais si la ph-ilosophie de Clément Rosset ne revenait pas à suspendre -photographiquement, paradoxalement et artificiellement- dans l'espace, la flêche de Zénon d'Elée (http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxes_de_Zénon), d'une part (et d'une part seulement. Ce qui ne veut pas dire que le réel n'ait aucun sens mais seulement que ce sens, dans lequel nous baignons pourtant mais que nous ne pouvons connaitre, nous soit pour l'instant et pour l'éternité inaccessible. Et, d'autre part, je ne vois pas pourquoi l'inacceptable,(l'épouvante) serait un critère d'appréciation et pourquoi il ne serait pas seulement un angle de vision particulier.
En écrivant cela je pense à certaines expériences dites mystiques (fusion avec Dieu, toutes religions ou traditions confondues, cf Mircéa Elaide, ou techniques d'extase, entrées en samadhi, etc) qui figurent pour celui qui les a vécues et provoquées l'exact contraire de ce sentiment de vide ou d'épouvante.
Et pour en revenir à ce que vous disiez plus haut je suis bien certain que la philosophie de Rosset est cent fois plus sombre et abyssale que ce qui apparait au premier abord. D'où la difficulté, d'où la contradiction. Car comment admettre que l'inacceptable soit un critère de vérité et que seule prévale la logique du pire ?
Je crains que la mort ne soit finalement, et en creux, le centre de ce débat.
... j'ajoute que le simple fait de faire partie d'un univers réel, connaissable ou inconnaissable, est incontestable et que si la position que nous y occupons, la raison d'icelle, son absence de raison, enfin peu importe, ne peut être connue ou perçue, il n'en demeure pas moins que l'univers tourne bel et bien avec nous ET sans nous. Mais il m'est impossible de prouver quoi que ce soit, ne serait-ce que la préexistence de cet univers à ma propre personne. Ce qui me conduit, si vous me faites la charité de me suivre, à approuver des deux mains Nietzsche et Rosset tout en me trouvant dans l'incapacité existentielle (au sens authentiquement sartrien, pour le coup) de l'admettre. Les deux conceprions cohabitant, par force !, en plus ou moins bonne entente.
RépondreSupprimerPS
(Je me demande quand-même pourquoi il est parlé (dans un autre article) des "intuitions" de Clément Rosset, alors qu'aucune place d'aucun ordre n'est ménagée dans sa philosophie pour une approche bergsonienne ?)
clément rosset à une émission au sujet de dieu disait : il faut en savoir long sur lui pour affirmer s'il existe ou pas. le réel a t-il un sens ? il faut en savoir long sur lui pour affirmer qu'il n'en a pas, après tout qu'en savons nous ? peut etre cela dépasse notre entendement. dire que le réel est insignifiant muet certes ... mais c'est déjà se poser en observateur de celui ci et par là nous en séparer et puis probablement ne parle t-il pas notre langue à moins que nous soyons sourds et muets à notre tour aussi pour respirer avec lui.serait-il possible que la joie soit une manière de communiquer invisible avec le réel? mouais, enfin ça me va bien,la joie? lorsque l'on est heureux, enfin, bien, simplement, je pense que c'est là, à cet instant, que l'on est dans le vrai. je me rends compte en me relisant qu'il est difficile de dire "il" en parlant du réel mais quoi dire? Et même dire "réel" ça me semble stupide. bref....
RépondreSupprimer... La joie.... certes. Mais en quoi, en tant que sujet inconnaissant, puis-je affirmer que la "jubilation" constitue un lien avec un "réel" dont je suis par ailleurs le seul à faire le constat qu'il m'est inacessible ?
RépondreSupprimerPar décret personnel ? Par intime conviction ? Par foi pure et simple ? Par joie pure et simple ?
L'exemple pris par Cément Rosset pour illustrer le déclenchement du rire, ne m'amuse pas du tout. Le naufrage du Titanic ne m'a jamais fait rigoler. De la même manière je ne vois pas que ceci ou cela soit déclencheur universel de joie... mais au contraire que ceci ou cela renvoie à une conception toute subjective de la joie, inexploitable donc.
... et cette joie, cette jubilation, je l'ai ressentie, dans la plus totale solitude, à l'endroit où on n'attend plus rien et où la mort semble être la seule issue possible en apparence. Comment la partager ?
Je n'ai pas encore trouvé.
Je médite ces jours-ci une réponse de Jésus-Christ : "Le mal n'est pas à l'extérieur de nous mais en nous". Ce qui signifie que je suis la mesure de toutes choses, en d'autres termes que je "suis" Die et que je suis tout à la fois : connaissant, inconnaissant, sujet-objet, etc et que rien n'existe en dehors de moi en même temps que tout m'est étranger, sans qu'il me soit donné une seconde l'occasion de le prouver. Chaque seconde pourtant vient confirmer cela...
Bref, c'est un sacré bazar !!!
Pétrus, je souris parce que vous vous posez mille et une questions et c’est formidable. Ca vous taraude et à moi aussi même si nous savons que nous n’aurons jamais de réponse définitive, la vérité étant inaccessible n’est-ce pas ? Et malgré cela nous cherchons c’est quelque chose d’un peu dingue en somme, et si elle existait ! nous la reconnaîtrions partout ça ne serait pas très drôle, me semble t-il. Il y en a tellement qui cherchent à avoir le dernier mot à leurs questions et le trouve. Et, oui, c’est un sacré bazar, toutes ces choses que nous avons crées et qui nous mettent aujourd’hui sur le qui vive à l’affût d’un savoir insaisissable, mais n’est-ce pas dans ce phénomène là que nous sommes le plus touchant le plus humain et que de cela il y a matière à rire du moins sourire de cet état affolant. Alors, heu oui la joie, la joie pour moi je ne peux parler qu’en mon nom enfin mon nom lol…expérience serait plus juste. quelque chose qui nous est offert un cadeau, une surprise au choix suivant l’humeur, ça tombe souvent quand on ne s’y attendait pas, le mieux est de ne pas chercher d’où ça vient, ça ne va pas durer rassurez vous pour notre plus grand plaisir aussi, juste quelque chose en nous dit oui et on sourit bêtement, enfin quelque chose comme ça, comment être précis hein? ne me demandez pas entre qui et qui se déroule cette histoire d’amour « en quelque sorte » je n’en sais rien quelque chose en moi est joyeux, j’en fais le constat, mais ce n’est qu’après coup que je peux dire le mot joie car dans la fraction de seconde qui à précéder ce qui a passé, ce qui s’est passé je n’en sais absolument rien parfois on peux l’interpréter comme de la tristesse ou bien c’est le mot joie qui se presse qui a devancé tous les autres mots car c‘est celui là qui colle parfaitement qui s‘insère comme le morceau manquant d‘un puzzle, je dis joie et je me sens dans le vrai en accord avec, avec quoi, qui ? mystère? Avec moi en tout cas, c’est pas grand-chose ce petit moi je vous l’accorde, c’est presque rien, c’est comme lorsque je reconnais une odeur qui me plait, pourquoi celle là et pas une autre ? Ignorance totale. Bon exemple je sens que vous ne suivez pas lol mon lol vous agace? si nous écoutons une musique que nous apprécions tous les deux, admettons, et qui nous laisse vous et moi dans un silence, une émotion à nous dresser les poils, n’y aura-t-il pas eu le temps de ce morceau une communication entre nos êtres que nous ignorons et qui ne savent rien l’un de l’autre mais qui grâce à la musique auront communiqués à nos dépens, tout cela va bien au-delà des mots, quelque chose va plus vite que nous, acceptons que cela nous échappe, les mots sont d’une piètre consolation. Bref je ne vous parais pas très claire sûrement, mais nager en eaux troubles c’est notre lot quotidien. Quant à cette réponse de jésus, ma foi je ne sais pas ce qu’a voulu dire l’auteur, interroger des heures, vous ne tournerez jamais qu’en rond comme un chien qui cherche à poser sa crotte et marquer son territoire. Vous pouvez aussi vous raconter des histoires et si vous sentez que vous n’êtes pas obligé d’y croire, c’est une part d’autonomie de gagnée c’est mieux que rien et blablablabla.
RépondreSupprimerJe persiste à penser que le questionnement n'est pas inutile, aussi vaste que soit le champ des plaisirs possibles et aussi vaines que soient les réponses.
RépondreSupprimerTout n'a pas été essayé...
J'ai une question que je vous adresse, Danièle, et que je conservais comme dernière cartouche.
RépondreSupprimerLe nietzchéisme ou le rossétisme ne sont-ils pas des productions philosophiques proprement masculines ?
Une femme aurait-elle pu concevoir aussi parfaite vacuité ?
Il est possible que la question soit mal posée.
RépondreSupprimerParler de vérité revient à induire l'idée qu'existe un point microscopique ou macroscopique de savoir, immuable, immobile, invariant, à partir duquel tout devienne compréhensible. Une sorte d'illumination fondamentale qui ne demanderait qu'à être atteinte. Ainsi conçue, la "vérité" a quelque chose d'alchimique... qui nécessite patience et longueur de temps. Et dans ce cas dire de la vérité qu'on peut où qu'on ne peut pas l'atteindre, revient à décréter que le Grand Spirou peut être atteint ou pas. On invente une notion pour décider ensuite qu'on ne peut pas la connaitre.
Supprimons cette notion et supprimons le mot, que reste t'il ? Probablement la même chose, c'est-à-dire cette propension humaine, bien humaine, à structurer son univers de manière à se l'adapter. Ca n'est pas rien ! C'est même tout ! Et c'est là que je n'adhère plus à Clément Rosset.
Vous parlez de communication entre deux êtres.
Clément Rosset n'y fait pas plus allusion que le Dalaï Lama. La joie dont il(s) parle(nt) est purement individuelle, au point où cela n'est même pas précisé, ni même évoqué.
Il y a de gros trous de mémoire chez Nietzsche aussi...
Au final quelle est la différence entre celui qui se "raconte des histoires" et celui qui ne s'en raconte aucune ? Il n'y en a tout simplement pas. L'autonomie nous fait une belle jambe.
;-))))
Sûrement oui le questionnement n’est pas inutile donc utile, bien qu’il ne soit pas nécessaire. Avec un peu de recul et à certains moments , il m’apparait parfaitement inutile et donc plus intéressant car je plonge dedans pour ainsi dire et je perçois à quel point naïvement je ne fais que rafistoler, recoller, reconstruire sur des ruines après avoir déjà déconstruit plus souvent qu’à mon tour et pourquoi tout cette folie? pour continuer à me nourrir, ne pas mourir. Questionner le questionnement et les réponses qui s’offrent c’est pas une mince affaire, c’est usant mais au moins j’ai l’impression d’exister ou plutôt j‘ai l‘illusion que quelque chose est à naître parce que pas né alors que finalement tout ça n’a de cesse de mourir bref suivez la fluidité de l‘humour car là à un certain point c‘est très drôle.
RépondreSupprimerUne dernière cartouche ? pas pour m’achever j’espère.
la vacuité se moque d’une certaine manière du concept vacuité, c’est mon petit doigt qui me l’a dit. Bien qu’il me paraisse difficile de différencier la vacuité de son concept tellement le vécu de celle-ci n’est pas racontable sinon cela impliquerait de séparer celui qui l’expérimente et l’expérience qui l’accompagne comme un appendice de son corps et je ne vois pas comment cela pourrait se produire. A mon avis, le concept vacuité est encore une manière de s’attacher à quelque chose de solide , la preuve on en fait des livres, des émissions de radios, des commentaires etc…
Peut être le féminin sent plus intensément le silence qui compose la langue naturelle et préfère se taire, les philosophes plus souvent masculins il faut l’avouer, sont plus habiles, avec la langue maternelle, à manipuler les concepts comme celui de vacuité, mais ils ne cessent jamais d’en parler toujours et encore quelque chose à exhiber lol. Rosset Nietzsche ne s’abandonnent pas assez au féminin il me semble. Quant à moi je ne trouve pas leurs philosophies tragiques ou noires plutôt aporétiques simplement. Sans doute n’y a-t-il personne pour percevoir le réel et peut être n’y en a-t-il pas, il n’existe que dans notre façon de le dire et de le penser du moins il reste de tout cela un résidu.
Et si cette petite part d'autonomie ne nous fait pas une belle jambe du moins peut etre nous rend t-elle apte à avoir le pied plus léger.
... la légereté et l'assurance du pied dans la tombe... le néant rigolo qui accompagne la marche de l'homme sur la lune, la relativité loufoque de cet anar d'Einstein, l'imbroglio quantique... tout cela ne sort pas de l'esprit de celui qui jubile à l'idée du "hasard"... et qui s'est un jour retrouvé on the top of the world à contempler l'infini rien du tout de l'absence de nature... mais ce que j'en dis, après tout...
RépondreSupprimerLa philosophie est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des hommes (de sexe mâle, s'entend...) !!!! Je suis sérieux. Sentir la vie pousser en soi doit apporter un peu d'eau au moulin du sens ...